Santé : Des experts de l’ONU dénoncent les défaillances de l’OMS face à l’épidémie Ebola

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Ce rapport est le résultat final de deux mois d’enquête sur les différentes actions menées par l’organisation mondiale de la santé face à l’épidémie. A près 60 jours de travail, le pronostic est sévère. «Nous ne comprenons toujours pas pourquoi les avertissements précoces lancés entre mai et juin 2014 n’ont pas reçu une réponse effective et adéquate», écrivent les experts dans leur rapport préliminaire.

Selon ces derniers, l’OMS a été lente à prendre des mesures contre le virus qui a fait beaucoup de victimes en quelques mois. A ce jour  l'épidémie d’Ebola, a touché au total  26.000 personnes, essentiellement dans trois pays d'Afrique de l’Ouest (Guinée, Liberia et Sierra Leone), et tué plus de 11.000 personnes.

Découvert en décembre 2013 en Guinée, le virus s’est rapidement propagé aux deux pays voisins, la Sierra Leone et le Liberia, avec des centaines de cas par mois. Cependant l’OMS ne tirera la sonnette d’alarme qu’en août 2014, en déclenchant une «urgence sanitaire mondiale», soit un an après des alertes lancées par des ONG comme Médecins sans frontière.

Selon le rapport, l’OMS n’a pas «cherché le soutien d’autres agences de l’ONU et des ONG spécialisées dans l’humanitaire ». Un fait qui aurait pu faire «éviter la crise» qui a conduit à la nécessité de la création de la Mission des Nations Unies pour la lutte contre Ebola (UNMEER), dénonce le rapport.

«Il y a également eu sur place un très haut niveau de résistance» aux nouvelles consignes d’inhumation, qui ont été diffusées de manière «brutale», avec des messages tels que «Ebola tue», a souligné Mme Stocking, la responsable des experts.

Récemment la maladie a officiellement été déclarée terminée au Liberia. Mais les questions restent entières sur les capacités de la communauté internationale à réagir  face à d’éventuelles situations.

En janvier  dernier, la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan avait reconnu les accusations portées à son organisation en admettait que l’OMS avait été «trop lente» à réagir et proposait un plan d’amélioration en trois axes: renforcer les systèmes de santé des pays pauvres ainsi que les moyens de l'OMS en situation d'urgence, et organiser le développement de nouveaux médicaments.

Recommandations

Au delà de ces critiques acerbes, le groupe d’experts a fait une série de recommandations à l’organisation mondiale.

Les Etats membres sont invités à mettre sur pied un fonds d’urgence ainsi qu’une force internationale d’intervention sanitaire qui pourrait être mobilisée immédiatement.

L’OMS est aussi invitée à mettre en place une équipe pluridisciplinaire qui serait déchargée de ses autres fonctions pour répondre à l’urgence.

En outre, une structure de commandement claire, unique au sein de l’agence devrait, selon les experts, être créée aussi rapidement que possible. Les experts recommandent que le Conseil exécutif de l’OMS prenne une décision à cet égard en janvier 2016.

Ce rapport préliminaire fera l'objet de discussion la semaine prochaine lors de l'Assemblée mondiale de la santé qui se tiendra du 18 au 26 mai à Genève. Le rapport final devrait être publié à la mi-juin.

 Larissa AGBENOU