Ruptures de vaccins anti-venimeux dans les hôpitaux publics togolais: Pr Mijiyawa et le SYNPHOT divergent autour du constat amer!

Afriquinfos Editeur
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Lomé (© 2023 Afriquinfos)-  Pointé du doigt récemment dans une affaire de rupture de stock de  vaccins anti-vénimeux dans les hôpitaux publics, le ministre togolais de la Santé et de l’Hygiène publique, le Prof Moustafa Mijiyawa, s’est enfin prononcé sur les faits, le jeudi 9 novembre 2023.

Le ministre a souligné que ‘’les morsures de serpents ne sont pas une priorité pour les Européens (…) Actuellement le vaccin que nous utilisons est fabriqué au Mexique, mais pas en quantité voulue par nous », a déclaré le membre du gouvernement. Et de poursuivre : « Comme c’est un produit subventionné, nous avons le même problème avec le sang. Une poche de sang coûte à l’Etat 50 000 F et est cédée à la population à moins de 10 000 F (…) Pour le vaccin antivenimeux, c’est à peu près le même coût et c’est cédé par l’Etat à 15 000 F’’.

Le ministre a justifié la pénurie en expliquant que, lorsqu’ils mettent le vaccin à disposition dans les hôpitaux, certaines personnes peu scrupuleuses achètent la totalité du stock, créant ainsi une pénurie artificielle.

’Lorsque vous mettez ça (le vaccin, ndlr) à disposition dans nos hôpitaux, si on n’est pas vigilant, certains viennent acheter la totalité et créent une pénurie artificielle pour qu’en cas de morsures de serpent, que ce soit chez eux qu’on achète’’, a-t-il expliqué.

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Il a mentionné que les cas observés récemment ne sont pas dus à un manque réel de vaccin, mais à ces pratiques d’achat massif. Des mesures ont été prises pour contrer cette pratique, selon le ministre qui s’exprimait lors de la dédicace de son ouvrage intitulé ‘’L’approche contractuelle dans les formations sanitaires publiques du Togo – Une solution au dysfonctionnement des hôpitaux en Afrique’’.

Le Synphot appelle à des réformes

Au lendemain de ces explications, données par le Prof Mijiyawa, le secrétaire général du Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo (SYNPHOT), Dr Gilbert Tsolenyanu écrivait dans un tweet : ‘’ Hier au CHP Sotouboua (350 km nord Lomé) qui a défrayé la chronique par 1e histoire de morsure de serpent, j’ai été témoin d’1 cas de morsure de + de 3 jrs. Pas de SAV, ni poches de sang. 1 enfant a été mm évacué. Réglons le problème de SAV en Afrique’’,

Il y’a quelques semaines, une affaire de vente illicite de par des soignants au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Kara, dans le nord-est du Togo, a secoué le secteur de la santé. L’observatoire pour la promotion de la santé en Afrique avait été alerté par la famille d’un patient, admis au CHU de Kara après une morsure de serpent.

’Lorsque le patient a été admis aux soins, on lui a prescrit des produits et le personnel soignant leur a proposé un produit à 70 000 francs CFA trois fois de suite. Le produit n’a pas été acheté à la pharmacie. Nous nous sommes rendu compte que c’était un réseau de vente parallèle de médicaments. C’est pourquoi nous sommes obligés de saisir le ministre de la Santé’’, expliquait Ricardo Aklèsso Agouzou, président de l’association.

Le Synphot avait appelé les autorités à réformer en profondeur l’hôpital public. Selon le Secrétaire général du Synphot, le Docteur Gilbert Tsolenyanu, ce cas n’est pas isolé et révèle les dysfonctionnements du système de soins togolais. ‘’Il est aujourd’hui fondamental que l’on essaie de comprendre comment on fait pour que les médicaments puissent arriver par des réseaux de contrebande dans notre pays et qu’on vienne les utiliser dans les hôpitaux publics, lance-t-il. L’autre aspect, c’est que la rupture du sérum antivenimeux est récurrente, elle est chronique’’.

Le Synphot avait en outre appelé les autorités à corriger ces problèmes et a réclamé une réforme en profondeur du système hospitalier togolais. Les agents impliqués dans cette affaire au CHU de Kara ont depuis été licenciés.

V.A.