Ngozi Okonjo-Iweala ou comment perdre la présidence de la Banque mondiale tout en étant reconnue pour sa compétence

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Ce n’est pas le cas, puisque les vingt-cinq membres du Conseil d’administration de l’institution financière internationale lui ont préféré un illustre inconnu, l’Américain d’origine coréenne Jim Yong Kim.

Les dés étaient pipés. En effet, en vertu d’un accord tacite vieux de plus de cinquante ans, le poste de président de la Banque mondiale a toujours échu à un citoyen américain, tandis que la direction générale du Fonds monétaire internationale (FMI) revenait de facto à un Européen. De plus en plus d’universitaires, d’Organisations non gouvernementales et de responsables politiques militent pour la fin de cette règle non écrite et la désignation au moins à la tête de l’une des deux institutions d’un ressortissant d’un pays émergeant, histoire de refléter les nouvelles réalités économiques mondiales.

Peine perdue !

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Ngozi Okonjo-Iweala ne manquait pourtant pas d’arguments ni de supporters pour hériter d’un poste qui requiert, à la fois, une solide expérience gouvernementale, une très bonne connaissance de l’économie mondiale, une maîtrise des flux financiers internationaux et des enjeux de développement.  A deux reprises ministre des Finances du Nigeria, cette dame de fer a été intraitable dans la lutte contre la corruption dans un pays de 160 millions d’âmes considéré comme particulièrement « difficile. »

Formée à MIT, la Nigériane a fait la démonstration de son sérieux et de sa compétence durant sa carrière. Elle a occupé des responsabilités ministérielles, on l’a dit. Elle a conduit de difficiles négociations financières internationales pour le compte de son pays, notamment avec le Club de Paris. Elle a déjà exercé ses talents à la Banque mondiale, dont elle connaît les arcanes pour en avoir été le numéro deux de 2007 à 2011, à Washington. Elle avait par ailleurs le soutien actif d’une liste impressionnante d’économistes, de banquiers, d’hommes d’affaires et d’intellectuels de renom qui ont fait circuler une pétition en sa faveur.

En face, son adversaire américain, faisait figure de « nain ». Médecin de son état et obscur fonctionnaire de l’Organisation mondiale de la santé, ce dernier n’a aucune connaissance particulière en économie et dans le monde de la finance. C’est pourtant lui qui dirige désormais l’Institution. Parce que Ngozi Okonjo-Iweala, avec une expérience unanimement reconnue, n’a visiblement pas le bon passeport.