Ce qui va changer dans les opérations de maintien de la paix d’ici 2030 en Afrique et dans le monde (J-P Lacroix)

New York (© 2023 Afriquinfos)- Dans le cadre de la célébration des 75 ans du maintien de la paix des Nations Unies qui se tient en ce mois de mai, de nouvelles directives s’annoncent dans l’agenda 2030 du Secrétaire général de l’institution. Ces actions s’apprêtent à voir le jour, alors même que des voix demandent une modernisation des opérations de maintien de la paix (OMP).

S’exprimant dans un entretien accordé à Rfi ce mercredi 24 mai 2023, le secrétaire général adjoint aux opérations de paix Jean-Pierre Lacroix, a annoncé de nouveaux outils qui seront mis à disposition des OMP dans l’exercice de leurs tâches.

’D’abord, il faut continuer à moderniser nos opérations. Je crois qu’un des grands défis, c’est l’adaptation à l’évolution des technologies digitales. Nous avons lancé une stratégie pour la transformation digitale des opérations de maintien de la paix. C’est fondamental parce que ça concerne la sécurité des populations de nos personnels, la lutte contre la désinformation, la meilleure capacité à recueillir des informations sur les situations dans lesquelles nous sommes’’, a déclaré le secrétaire général adjoint aux opérations de paix.

’Deuxièmement, nous devons réfléchir d’une part à ce que pourrait être une évolution des mandats, mais d’autre part un meilleur travail collectif avec les autres acteurs du multilatéralisme. Troisième axe de réflexion important : le maintien de la paix a ses limites, et lorsque l’imposition de la paix est nécessaire, il faut réfléchir au moyen de mieux soutenir les opérations d’imposition de la paix qui doivent être conduites par d’autres entités que les Nations unies, notamment les organisations régionales. Alors, les moyens, ça va dépendre des Etats membres… D’abord les moyens politiques, deuxièmement, les moyens financiers, ce qui est un défi surtout maintenant’’, a-t-il reconnu, tout en mettant en exergue les échecs dans l’histoire des opérations de maintien de la paix (OMP) qui se résument à ‘’un décalage entre les mandats qui sont donnés aux opérations et les ressources qui leur sont attribuées’’.

Selon Jean-Pierre Lacroix : ‘’ l’ONU a beaucoup appris de ses erreurs et les opérations d’aujourd’hui ne sont plus du tout celles des années 1990. En matière de protection des civils, puisque c’est là où finalement nous sommes le plus attendus, c’est légitime -et je dirais que c’est aussi la partie la plus difficile de nos mandats- nous avons développé beaucoup d’outils. Nous avons une meilleure connaissance du terrain, nous avons une meilleure interaction avec les communautés. Nous avons par exemple au Congo mais aussi au Mali, des personnes qui font partie des communautés et qui travaillent avec nous pour nous informer des risques qui pèsent sur les populations de manière à ce que nous puissions réagir au plus vite’’. A-t-il laissé entendre.

Et de renchérir : ‘’Je pense que nous avons aussi développé une approche beaucoup plus intégrée de la protection des civils. Nous travaillons de manière beaucoup plus étroite avec les agences, les ONG également, et aussi nos personnels civils, nos personnels de police avec les militaires. Donc, ça je crois que c’est un progrès très net. Maintenant il faut faire beaucoup plus évidemment, parce que, certes, il y a eu des améliorations, mais les défis aussi, ne cessent de croitre’’.

Toutefois, M. Lacroix reconnait qu’il y a de nombreux nouveaux défis que doit relever son institution. ‘’Le défi principal est de nature politique, c’est-à-dire qu’aujourd’hui, nous avons une communauté internationale beaucoup plus divisée. Nos états membres, nos conseillers de sécurité en particulier, sont beaucoup moins, à la fois unis pour soutenir les efforts politiques qui sont indispensables dans toutes les situations où il y a des opérations, et ils sont aussi aujourd’hui beaucoup moins disponibles, compte tenu de la multiplicité des crises’’.

’Mais il y a d’autres défis, les menaces contre les populations et les casques bleus s’accroissent, les attaques à l’explosif, les fakes news, la désinformation qui est une arme qui fait des morts et qui est parfois utilisée de manière extrêmement professionnelle par ceux qui n’ont pas intérêt à notre succès. Puis je dirais qu’il y a aussi les nouveaux facteurs de conflit, l’impact du changement climatique, les activités criminelles transnationales, un exemple, dans la région des Grands Lacs, l’exploitation illégale des ressources naturelles, c’est à mon avis, un facteur, peut-être le facteur majeur de conflit. Il faudra s’y attaquer avec davantage de moyens’’, a en outre affirmé le Secrétaire Adjoint aux OMP.

Quel est le sort réservé à la Minusma?

S’agissant de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), l’employé onusien a indiqué qu’ils sont ‘’en étroite consultation avec les autorités du Mali’’. Il a précisé également n’avoir ‘’pas eu du tout le sentiment que la réduction de la Minusma, à ce stade, à une simple opération de présence politique à Bamako soit une option privilégiée’’, à la question de savoir son avis sur les trois différentes propositions faite par Antonio Guterres à ce sujet.

’Mais, encore une fois je ne veux pas préjuger de ce que sera la décision du Conseil de sécurité puisque c’est à eux qu’il appartient de se prononcer.’’, a répondu Jean-Pierre Lacroix.

Plus de 2 millions de casques bleus ont été déployés sur le terrain depuis 1948, et ils ‘’produisent de grands succès au jour le jour. Malgré les défis, des soldats de la paix, des personnels des opérations, préservent les cessez-le-feu. Au sud Liban par exemple, ‘’si nos casques bleus n’étaient pas là, ce serait inévitable qu’il y ait une escalade, et peut-être une reprise des hostilités’’, s’est également félicité le secrétaire général adjoint aux OMP.

Vignikpo Akpéné

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