Résilience du Maroc via la reconstitution de son cheptel ovin d’ici 2026, un modèle 

Afriquinfos Editeur
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Un troupeau de moutons (DR, le 360)

Rabat (© 2025 Afriquinfos)- Les autorités marocaines à travers le ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, ont lancé le 22 mai dernier, un vaste programme de reconstitution du cheptel ovin. Un budget de 6,2 milliards de dirhams (674,4 millions $), a été mis à disposition pour mettre en œuvre le programme entre 2025 et 2026.

La filière de l’élevage au Maroc connaît une période difficile. En cause : six années consécutives de sécheresse qui ont vidé les barrages, provoqué des pertes massives d’emplois agricoles. Selon les autorités, le déficit pluviométrique atteint 53 % cette année par rapport à la moyenne des trente dernières années. En raison de ces aléas climatiques, selon un récent recensement, le royaume chérifien a déjà perdu 38 % de son effectif de bovins et d’ovins depuis 2016.

Cette situation a contraint les autorités, à prendre des mesures. Pour stabiliser les prix, la loi de finances 2025 prévoit la suspension des droits de douane et de la TVA sur les bovins, ovins, chameaux et viandes rouges. Depuis le début de l’année, le pays a importé 124 000 moutons, 21 000 bovins et 704 tonnes de viande rouge. A cela s’ajoute une interdiction en février 2025  du rituel traditionnel de sacrifice du mouton pour la fête de Tabaski afin de préserver le cheptel.

Pour relancer la filière, le ministère marocain de l’Agriculture a lancé un programme de soutien à la reconstitution du cheptel ovin. Ce vaste programme financé à hauteur de 6,2 milliards de dirhams (674,4 millions $), se déclinera en cinq axes prioritaires.

Dans le détail, il est question d’annuler 50% des dettes (capital et intérêts) dont la valeur est inférieure à 100.000 dirhams, sachant que les petits éleveurs représentent 75% du total des bénéficiaires. Il s’agit également de l’annulation de 25% des dettes (capital et intérêts) dont la valeur est comprise entre 100.000 et 200.000 dirhams. Cette catégorie représente 11% du total des bénéficiaires. Enfin, les dettes des agriculteurs seront également rééchelonnées et les intérêts résultant de retards de paiement seront exonérés pour les prêts dont la valeur dépasse 200.000 dirhams.

Le deuxième axe concerne le soutien aux fourrages en subventionnant le prix de vente de 7 millions de quintaux d’orge, pour que le prix de vente soit plafonné à 1,5 dirhams/kg. Il sera procédé à la subvention du prix de vente de 7 millions de quintaux des aliments composés destinés aux ovins et caprins, pour que le prix de vente soit fixé à deux (2) dirhams au kilogramme.

Environ 2,5 milliards de dirhams seront alloués à la mise en œuvre de cette mesure. Le troisième axe concerne le lancement du processus de recensement du cheptel femelle en vue de suivre le processus de prévention de l’abattage des femelles pour préserver le cheptel national. Le but est d’atteindre plus de 8 millions de têtes de femelles ovines et caprines au cours du mois de mai 2026. A la même date, un soutien direct sera accordé aux éleveurs à hauteur de 400 dirhams pour chaque tête de femelle numérotée et préservée de l’abattage.

Le quatrième axe concerne le lancement d’une campagne de traitement préventif avec l’objectif affiché de protéger au cours de cette année 17 millions de têtes d’ovins et de caprins contre des maladies résultant des répercussions de la sécheresse, pour un coût financier pouvant atteindre 150 millions de dirhams. Le cinquième axe vise à organiser un processus de formation technique des éleveurs pour améliorer les races par la création de plateformes d’insémination artificielle sans oublier l’accompagnement technique pour augmenter la productivité, pour un coût financier pouvant atteindre 50 millions de dirhams.

S. B.