Kinshasa (© 2025 Afriquinfos)- En République Démocratique du Congo, plusieurs partis et acteurs politiques de l’opposition sont toujours campés sur leur position : celle de boycotter les consultations initiées par le président Tshisekedi en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale. Cependant, le parti au pouvoir estime que le gouvernement d’union nationale devrait permettre de faire face à l’agression du pays par le Rwanda qui soutient les rebelles du M23.
Démarrées le 24 mars dernier, les assises ont repris ce lundi 31 mars, à Kinshasa. Mais l’opposition reste sur sa position et refuse toujours une telle proposition. Elle estime que cette démarche de Felix Tshisekedi ne résoudra pas la crise sécuritaire actuelle, mais va plutôt consolider « un pouvoir en crise de légitimité ».
Des membres de l’opposition affirment qu’ils ne vont pas cautionner ce qu’ils qualifient de « mascarade politique et fuite en avant du pouvoir ». Ils soutiennent plutôt l’initiative d’un dialogue inclusif tel que préconisé notamment par les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et les pasteurs de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) pour offrir une issue durable au conflit dans l’Est de la RDC.
Le parti politique ‘’Ensemble pour la République’’ de Moise Katumbi est de ceux qui ne veulent participer à aucune autre démarche de dialogue et défendent la médiation des Églises pour fédérer le pays.
‘’Ces autorités ecclésiastiques ont su prendre langue avec toutes les parties prenantes, l’opposition armée comme l’opposition non armée, l’opposition institutionnelle comme l’opposition extra institutionnelle, et leur démarche a aussi obtenu le soutien des Chefs d’Etat de la sous-région ainsi que de certains partenaires occidentaux. Nous soutenons toute démarche que ces autorités vont initier et nous estimons qu’il est plus que temps d’avoir la responsabilité de comprendre que la situation de notre pays n’exige plus des solutions cosmétiques à la chaise musicale avec des postes à donner, mais nous devons faire face à des situations politiques qui exigent avant toute chose de faire l’unité autour de nous avant de chercher un gouvernement d’union nationale’’, a expliqué le porte-parole de Ensemble pour la République, Hervé Diakese.
Cette réaction est similaire à celles de l’ECIDE de Martin Fayulu, LGD de Matata Ponyo Mapon et Envol de Delly Sessanga. Tous demandent à Felix Tshisekedi de ‘’cesser les calculs politiciens et de mettre l’intérêt du peuple au-dessus de ses ambitions’’.
De son côté, le FCC, famille politique de l’ancien chef d’Etat Joseph Kabila, s’interroge sur la nécessité de cette nouvelle initiative, alors qu’il y en a déjà plusieurs autres en cours.
Le FCC refuse donc de prendre part à ‘’une messe qui, à l’évidence, cherche plus à légitimer et défendre un pouvoir, plutôt que de servir la cause d’une paix durable et l’intérêt supérieur des Congolais dans leur diversité’’, peut-on lire dans sa déclaration publiée.
Des désaccords même à l’interne du régime
Mais même au sein de la majorité, il y a débat sur la démarche et les objectifs. Certains veulent conserver leur place au sein du gouvernement, alors que d’autres attendent une meilleure représentation au sein de la future équipe.
Modeste Bahati, numéro trois du Sénat à la tête de l’un des principaux regroupements de la majorité, a insisté dès le premier jour sur le ‘’poids’’ de chacun dans la formation du gouvernement attendu. Il a mis en garde contre le débauchage dans un climat de ‘’floraison de flatteurs et de courtisans’’.
Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a demandé de ne pas s’écarter des objectifs : réunir opposition, majorité et les belligérants dans un processus plus inclusif pour la paix dans l’Est. Alors que pour d’autres caciques, il faut afficher une priorité : la reconquête du territoire occupé par le M23/AFC.
‘’Ces consultations démontrent que la majorité elle-même a besoin de cohésion avant de s’ouvrir à d’autres camps’’, a commenté un haut responsable politique.
Les organisateurs doivent recevoir cette semaine d’autres alliés de la majorité, des organisations de la société et des membres de l’opposition. Jusqu’ici, tous les poids lourds de l’opposition rejettent la démarche.
Toutes ces consultations sont censées se terminer cette semaine.
V.A.