RCA: négociations sans précédent en vue du désarmement des milices

Afriquinfos
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Bangui (© Afriquinfos 2017)-Des négociations sans précédent sous l’égide de l’ONU entre le gouvernement centrafricain et l’ensemble des groupes armés du pays ont eu lieu en fin de semaine à Bangui en vue d’accélérer le désarmement de ces milices, responsables de nombreuses exactions.

Pour la première fois dans le programme de Désarmement démobilisation réinsertion (D, le gouvernement s’est assis à la même table que l’ensemble des groupes armés dans ce pays, l’un des plus pauvres du monde et qui connaît, selon l’ONU, une « recrudescence de la violence » depuis septembre 2016.

Le « DDR » est invoqué sans relâche par le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra depuis son arrivée au pouvoir en mars 2016 à la tête d’un pays qui peine à se relever du conflit provoqué en 2013 par le renversement de l’ex-président François Bozizé par la rébellion Séléka, à dominante musulmane.

La contre-offensive des miliciens anti-Balaka, majoritairement chrétiens, a provoqué des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.

L’intervention de la France et de l’ONU a permis d’endiguer des massacres de masse. Un nouveau président a été élu en mars 2016. La capitale Bangui a retrouvé un calme relatif, mais des groupes armés maintiennent une insécurité permanente dans plusieurs régions.

« Les avancées générales sont assez importantes (…) le plan national de DDR a été rédigé avec les détails des étapes de la mise en œuvre du projet », a commenté samedi Jean-Marc Tafani, chef du programme DDR de la Mission des Nations unies pour la Centrafrique (Minusca), à propos de cette rencontre qui a eu lieu jeudi et vendredi avec des représentants de 14 groupes armés.

« La prochaine réunion du Comité consultatif de suivi du DDR aura lieu du 25 au 27 mai », a-t-il précisé, joint par l’AFP depuis Libreville.

Le « DDR » est désormais financé et chiffré: 45 millions de dollars, débloqués par la Banque mondiale, l’ONU et le gouvernement centrafricain, doivent permettre le désarmement des combattants et la réinsertion de 5.000 d’entre eux dans la vie civile et – pour une minorité – dans les forces armées.

Répondant à des craintes d’organisations internationales sur une possible impunité pour les ex-combattants, M. Tafani a indiqué que « les personnes soupçonnées de crimes divers seront soumises à la justice » et « écartées du programme de DDR ». « Pendant la réunion, certains groupes se sont exprimés contre ce processus », a-t-il cependant noté.

Outre le DDR, la Centrafrique mise sur une Cour pénale spéciale (CPS) pour tenter de conforter le retour à la paix. Cette CPS se présente comme une juridiction mixte avec des magistrats centrafricains et étrangers. Elle doit prochainement commencer ses travaux pour juger tous les crimes contre l’humanité depuis 2003.

Innocente Nice