Racisme : Kyenge met toute l’Europe en branle

Afriquinfos Editeur
6 Min de Lecture

Cécile Kyenge, championne antiraciste en Italie, voulait faire bouger les choses dans son pays. Mais elle a fait bien plus que cela : c’est l’Europe toute entière qu’elle commence à fédérer dans sa lutte contre l’inégalité et l’injustice.

Lundi 23 septembre, pas moins de 17 pays ont envoyé leurs représentants à Rome en vue de signer une déclaration officielle contre le racisme. « Nous nous associons à la ministre Cécile Kyenge pour militer ensemble contre la xénophobie et l’intolérance » clame la toute nouvelle « Déclaration de Rome ».

L’initiative a été lancée par Joëlle Milquet, vice-Premier ministre de Belgique. « Nous devons organiser une démocratie du respect », déclare-t-elle. Cette déclaration n’a en effet pas pour but de rester lettre morte. L’idée finale est de faire réagir la Commission Européenne et proposer « un pacte pour une Europe de la diversité, une Europe engagée dans la lutte contre le racisme ».

 

La Déclaration de Rome, signée par 17 pays d’Europe :

Parce que le racisme ne peut rester sans action ni réaction, nous demandons un pacte européen pour la diversité réussie.

Nous, ministres européens en charge de la lutte contre le racisme (1), nous sommes venus, à Rome, ce lundi, sur proposition de la Belgique, pour témoigner de notre soutien à la ministre italienne en charge de l’Intégration, Cécile Kyenge, victime de propos racistes outranciers, ainsi que pour promouvoir la déclaration de Rome et la lutte contre la xénophobie et l’intolérance.

En effet, la xénophobie et l’intolérance sont encore trop présentes en Europe. Les partis populistes prennent de l’ampleur dans de nombreux pays européens et leurs messages sont empreints d’idées xénophobes, nationalistes et protectionnistes. Certains partis politiques au sein de l’Union européenne expriment ouvertement leur haine de l’"autre", qu’il soit rom, juif ou musulman, bref à l’égard de tout individu qui diffère de la norme.

La xénophobie et la haine de l’"autre" ont alimenté les guerres en Europe pendant des décennies, voire des siècles. Nous avons malheureusement pu en voir des signes avant-coureurs par le passé. Mais nous ne pouvons pas risquer de payer le prix de l’inaction. Ceux qui défendent l’ouverture d’esprit et la tolérance ne se font pas suffisamment entendre. En tant qu’Européens, en tant que démocrates, en tant qu’individus profondément engagés dans la sauvegarde des droits de l’homme, nous avons le devoir de relever ce défi et de défendre les droits des individus et la démocratie. Chaque jour, nous devons promouvoir une société ouverte et tolérante, une société européenne de la diversité réussie.

La ministre de l’Intégration, Cécile Kyenge, défend avec détermination les droits de l’homme et lutte activement contre l’intolérance. Elle a elle-même été victime de xénophobie et d’intolérance, des actes inacceptables sur le plan personnel, mais aussi dans la mesure où ils ont pu être perçus comme une atteinte à la démocratie.

En tant qu’Etats membres de l’UE, il nous incombe de protéger et de promouvoir les droits de l’homme au sein même de l’Union mais aussi de par le monde. Nous devons être clairs quant à nos valeurs communes telles qu’elles figurent dans le Traité. L’histoire européenne étant complexe et instable, il importe d’insister sur l’importance de protéger les droits de chaque individu et de lutter contre la xénophobie et l’intolérance.

La ministre Cécile Kyenge a fait le choix de défendre ces valeurs. Nous souhaitons suivre son exemple. C’est la raison pour laquelle nous avons signé la Déclaration de Rome, une Déclaration qui condamne les programmes et organisations politiques qui se basent sur le racisme, la xénophobie et des théories de supériorité raciale. Nous demandons instamment à la Commission européenne de proposer un pacte pour une Europe de la diversité, une Europe engagée dans la lutte contre le racisme.

Le plus grand danger pour une société n’est pas le mal commis par les personnes mal intentionnées. Le plus grand danger, c’est quand les citoyens honnêtes se taisent. C’est pourquoi nous nous associons à la ministre Cécile Kyenge pour militer ensemble contre la xénophobie et l’intolérance.

(1) Au total ce sont 17 Etats membres de l’Union européenne (Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Croatie, Grande-Bretagne, Grèce, France, Irlande, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Portugal, Roumanie, Suède, soutenus par cinq autres Etats membres), représentés par leurs ministres et/ou ambassadeurs, qui se sont retrouvés à Rome.

Joëlle Milquet, vice-Première ministre belge, ministre de l’Intérieur et de l’Egalité des chances

Lazar Lazarov, vice-Premier ministre bulgare

Stimac Radin, conseiller en Egalité des chances du Premier ministre croate.

Don Foster, parlementaire britannique

Ioannis Michelakis, ministre de l’Intérieur de la République Hellénique

Algimanta Pabedinskienė, ministre lituanienne de la Sécurité sociale et de l’Emploi

Helena Dalli, ministre maltaise du Dialogue social et des libertés civiles

Agnieszka Kozłowska-Rajewicz, secrétaire d’Etat polonaise en charge de la lutte contre les Discriminations et de l’Egalité des chances

Rosário Farmhouse, haut commissaire portugaise à l’Immigration et au Dialogue interculturel

Mariana Campeanu, ministre roumaine de l’Emploi et de l’Egalité des chances

Jasenkos Selimovic, secrétaire d’Etat suédois

Afriquinfos