Racisme, homophobie : Cécile Kyenge vaincra-t-elle ?

Afriquinfos Editeur
3 Min de Lecture

Ça y est, c’est encore arrivé : Cécile Kyenge a été la cible d’une nouvelle attaque raciste. Cette fois-ci, pas d’insulte, mais un message tout aussi clair : des militants du parti d’extrême droite Forza Nuova ont déposé hier trois mannequins couverts de sang factice devant un bâtiment administratif à Rome.

Les tracts qui allaient avec portaient l’inscription : « L’immigration, c’est le génocide des peuples. Kyenge, démission ! ». Le quotidien ‘La Repubblica’ en publie des photographies.

Parce qu’elle est militante, ou juste parce qu’elle est noire ?

La ministre italienne de l’Intégration n’en est pas à sa première agression raciste, loin de là. En juillet, Roberto Calderoli, sénateur de la Ligue du Nord, la comparait à un orang-outan. Un mois auparavant, une conseillère locale avait clamé qu’il faudrait la violer pour qu’elle comprenne la douleur des victimes de crimes commis par les immigrés. On a même essayé de lui jeter des bananes à la figure lors d'un discours, cet été.

Il faut dire que Cécile Kyenge ne se contente pas d’être la première ministre noire d’Italie. Elle est aussi une figure politique active et engagée, qui se bat bec et ongles pour les idées qui sont les siennes. Et quand on ose défendre ses opinions haut et fort, il n’est pas rare que l’on se prenne des coups.

Kyenge n’abandonne pas pour autant, bien au contraire. Continuant à défendre le droit du sol pour que les enfants d’immigrés nés en Italie obtiennent automatiquement la nationalité, elle a affirmé plus récemment son soutien à la cause de l’homoparentalité.

« Je me suis toujours battu pour l’égalité des chances. Si c’est une proposition qui la renforce, je suis d’accord » a-t-elle déclaré au festival de Venise, à propos d’une proposition de la ville de remplacer « père » et « mère » par « genitore » (parent) dans les documents scolaires.

Victoire ou défaite en vue ?

Des positions louables, mais qui sont loin d’obtenir gain de cause dans l’Italie d’aujourd’hui, encore très marquée par un certain traditionalisme et une trop forte inertie politique. Les points défendus par la ministre d’origine congolaise ne remportent pas encore de soutien suffisant au gouvernement ou au Parlement.

Cécile Kyenge finira-t-elle par faire bouger les choses en Italie ? Ses détracteurs d’extrême droite peuvent en tout cas être sûrs d’une chose : leurs attaques d’un racisme scandaleux et mesquin n’affaiblissent pas la ministre à la volonté de fer : elles ne font que diminuer leur propre crédibilité.

Afriquinfos