Premiers résultats du projet "Villages du millénaire" au Cameroun, pays en retard

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Lancé en 2005 par l'ex-secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, dans le but de renforcer les actions visant l'atteinte des OMD, le programme "Villages du millénaire" regroupe 15 pays africains en trois générations, à raison de 5 pays par génération. Après les deux premiers groupes de 2006 et 2008 regroupant essentiellement des pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique australe, le Cameroun fait partie de la troisième génération.

Doté d'un financement initial de 8.519.250 USD dont 2.000.000 apportés par le gouvernement camerounais lui-même, 5.769.250 USD octroyés par le Japon et 750.000 USD du système des Nations Unies, "ce programme couvre tous les aspects des OMD : éducation, santé, environnement, communication, etc.", a souligné à Xinhua André Nguemdjom, le coordonnateur national du programme.

Parce qu'une évaluation récente a montré qu'à l'exception du secteur de l'éducation surtout le Cameroun ne pourra pas relever le défi de l'échéance de 2015, le programme en cours d'exécution apparaît comme une sorte de mode d'emploi pour permettre à ce pays d'Afrique centrale de mieux s'inscrire dans la mouvance indiquée par les Nations Unies lors du sommet mondial de 2000 à New York, le siège de l'organisation mondiale aux Etats-Unis.

Deux sites sont concernés : les communes de Maroua 1er dans la région de l'Extrême-Nord et de Meyomessi dans le Sud, pour une population cible de 10.000 habitants pour chaque cas. "Dans chacun des sites, nous avons soutenu la production agricole à travers la distribution aux populations des intrants (semences améliorées et engrais", a expliqué Nguemdjom.

A Maroua 1er, les aides accordées ont concerné la production des céréales dont le sorgho, le maïs et puis les oignons. "Les semences ont permis de mettre en place une exploitation de 200 hectares, soit 900 ménages touchés", fait savoir le coordonnateur. A Meyomessi, l'attention était portée sur le cacao et le manioc.

"Dans les deux sites, on a mis en place un mécanisme de reconstitution des stocks des intrants pour permettre l'accès à la pérennisation des stocks par les populations elles-mêmes", démontre encore André Nguemdjom, annonçant par ailleurs, comme solution au problème préoccupant d'accès des populations aux zones de production, l'ouverture de pistes agricoles.

Contre 0,6 à 0,8 tonne de production de base à l'hectare dans des conditions rudimentaires qui caractérisent encore l'agriculture paysanne au Cameroun, le projet s'est fixé un objectif d'au moins 1,5 tonne à l'hectare. Selon le coordonnateur, le résultat clé qu'on attendait porte sur l'augmentation sensible de la production agricole.

Les améliorations ont été atténuées par les problèmes climatiques. En 2011, il y a eu une très forte fluctuation de la production . En matière de climat justement, les deux sites symboliques deux zones écologiques distinctes. Maroua 1er appartient au domaine soudano-sahélien avec une pluviométrie monomodale (400-1200 mm par an). L'environnement est décrit comme étant affecté par un processus de désertification relativement prononcé.

Ainsi, dans son volet lié à l'environnement, la programme "Villages du millénaire" a prévu des activités de lutte contre la désertification à travers l'introduction des foyers améliorés pour réduire la pression des populations sur le bois de chauffe. Au total,plus de 100 foyers ont été construits et utilisés par les femmes, apprend-on.

Pour sa part, Meyomessi, localisé au sein du massif forestier du bassin du Congo (deuxième massif des forêts tropicales du monde après celui du bassin amazonien), appartient à la zone écologique de forêt pluviométrique bimodale (1500-2000 mm par an). Dans cette commune, le programme s'intéresse au zonage et à l'affectation des terres pour une gestion durable des ressources naturelles puis à l'accès de la commune à une forêt communale.

Comme dans l'ensemble du Cameroun, les populations de Maroua 1er et de Meyomessi sont exposées au paludisme. Dans le premier cas, la malnutrition vient s'ajouter avec les maladies liées à l'eau à cause des difficultés d'accès à l'eau potable. D'où la réhabilitation et la construction en cours de forages dans le cadre de "Villages du millénaire".

De manière générale, les deux localités sont en train de se doter chacune d'un nouveau centre dont l'acquisition des médicaments et des équipements est en cours pour "un fonctionnement optimal de ces structures, avec un personnel adéquat". L'électrification rurale qui y fait aussi défaut dans a en outre commencé à être assurée.

Dans le domaine de l'éducation, bien que le Cameroun soit sur le point de réaliser l'OMD relatif à ce secteur à l'échéance fixée de 2015 avec des avancées reconnues concernant l'alphabétisation et l'égalité des sexes, la situation des effectifs pléthoriques jette une ombre au tableau. Maroua 1er en est notamment un cas typique avec des classes de 130 élèves, soit 7 à 8 par table-banc.

"Villages du millénaire" entend aider à réduire ces effectifs de plus de moitié, pour un chiffre de 60 élèves par classe, autrement dit deux par table-banc. Pour André Nguemdjom, il est question d'"améliorer les performances des enfants et d'atteindre l'objectif de l'accès généralisé des enfants à l'éducation primaire".

A cet effet, le programme œuvre à la construction de nouvelles salles de classe, l'acquisition des tables-bancs, la distribution des matériels didactiques au profit des maîtres d'écoles. "On a fait également le plaidoyer pour augmenter le nombre d'enseignants dans les deux sites pour combler le déficit. A Meyomessi, a permis l'établissement d'actes de naissance au profit de certains élèves des classes d'examen", souligne également le coordonnateur.

Sur chaque site, le programme déploie six experts, avec l'espoir qu'en 2020 le Cameroun pourra finalement franchir le cap de l'atteinte des OMD, comme a déjà pu le faire par exemple la Guinée équatoriale, autre pays d'Afrique centrale, à propos de l'OMD consistant à réduire de 75% le nombre de décès maternels entre 1990 et 2015.