Comment la Centrafrique est devenue le laboratoire de la propagande russe en Afrique

Afriquinfos Editeur
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FILE -- Russian mercenaries from the Wagner Group stand guard during a parade in Bangui, Central African Republic, on May 1, 2019. The group's mercenaries also made their way to Libya to bolster the forces of strongman Khalifa Hifter. (Ashley Gilbertson/The New York Times) *** Local Caption *** AFRICA CENTRAL AFRICAN REPUBLIC MIDDLE EAST LIBYA CIVIL WAR GEOPOLITICS TRUMP PUTIN

Bangui (© 2022 Afriquinfos)- Avant que les projecteurs ne soient braqués sur le Mali en lien avec la présence de Wagner, s’il y a un pays sur le continent où le groupe de sécurité privé avait pignon sur rue, c’est bien la Centrafrique. Les mercenaires russes y ont de solides attaches jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir, au point de contrôler des médias locaux. C’est principalement à partir de ce pays qu’est menée la propagande russe sur le continent, selon plusieurs sources.

Fort d’au moins deux mille hommes répartis entre Bangui, Berengo et l’intérieur du pays, le contingent de mercenaires du Groupe Wagner combat depuis quelques années aux côtés des Forces armées centrafricaines (FACA). Mais cet accompagnement du groupe paramilitaire proche du Kremlin est-il seulement sécuritaire?

Pour de nombreux observateurs, Moscou se sert de la Centrafrique comme rampe de lancement pour sa propagande anti-française notamment. Cette propagande s’est faite plus incisive depuis le début de l’invasion russe en Ukraine. On a souvenance de manifestations à Bangui en soutien à l’attaque russe. Des milliers de manifestants brandissant des drapeaux russes et scandant leur désamour vis-à-vis de la France : ‘’Les Russes ont demandé à l’Ukraine d’arrêter ses attaques, mais les Ukrainiens n’ont pas obéi, alors la Russie a été obligée d’attaquer l’Ukraine, c’est ça qu’il faut comprendre’’, expliquaient alors les organisateurs, membres de «Galaxie nationale», une association proche du pouvoir.

La diffusion de faux contenus sur les réseaux sociaux et dans des médias liés au groupe et locaux participe également à cette ‘propagande’. C’est ainsi que récemment une ‘’fake news’’ faisant état de la reconnaissance par Bamako et Bangui des Républiques de Donetsk et Lougansk, qui se sont proclamés indépendantes avec le soutien de Moscou, a été abondamment relayée. Cette «information» est en réalité tirée d’un article de l’Agence de presse officielle russe RIA Novosti, qui prétend relater les propos du président Faustin-Archange Touadéra, selon qui la reconnaissance des deux entités allait «sauver des vies et éviter beaucoup de violences». Si la Présidence centrafricaine a démenti l’infox, elle a malgré tout été relayée de multiples fois.

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Cette manière de procéder est le fruit d’une stratégie savamment mûrie. «C’est un cas d’école, explique un autre expert de Wagner et de la Russie. La doctrine russe inclut la désinformation dans les stratégies nécessaires à toute opération militaire. Chez eux, ils contrôlent l’information et, chez les autres, ils tentent de l’influencer. C’est l’un des rôles principaux de certaines unités du GRU, qui travaille en collaboration avec Wagner et le groupe Patriot de Prigojine», détaille un spécialiste du groupe Wagner.

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