Paris (© 2020 Afriquinfos)-Consacré à la situation au Sahel, le sommet de Pau s’ouvre ce lundi à Paris, cinq semaines après l’invitation d’Emmanuel Macron à ses homologues sahéliens. A cette rencontre, l’Élysée attend de la part des chefs d’Etats des pays du Sahel « une clarification » quant à la présence française sur place, à l’heure où le sentiment anti-français semble de plus en plus diffus au Mali et au Burkina Faso.
Une demande de clarification qu’un Emmanuel Macron visiblement agacé par la montée du sentiment anti-français formule fermement le 4 décembre à l’adresse des présidents des pays du G5 : « J’attends d’eux qu’ils clarifient et formalisent leur demande à l’égard de la France et de la communauté internationale. Souhaitent-ils notre présence ? Ont-ils besoin de nous ? Je veux des réponses claires et assumées sur ces questions. »
Certains estiment que l’invitation adressée aux présidents sahéliens à participer à un sommet est une convocation. Le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré ne cache d’ailleurs pas son irritation devant cette façon de faire. « Le partenariat doit être respectueux des uns et des autres et je crois que cela est très important, a-t-il affirmé. J’estime que le ton et les termes utilisés avant l’invitation posent des problèmes parce que ça, c’est le contenu des débats qu’on doit avoir ensemble. »
Des tensions à l’apaisement
Cependant, on note un apaisement dans les chancelleries sahéliennes après que Christophe Bigot, l’envoyé spécial pour le Sahel, ait été dépêché dans les différentes capitales.
Entre autre, l’hommage qu’Emmanuel Macron a rendu le 22 décembre à Niamey aux 71 soldats nigériens tués dans l’attaque d’Inates contribue également à calmer la gronde. Avant cela, le président nigérien Mahamadou Issoufou avait plaidé sur RFI pour une intervention française renforcée dans la région : « Nous avons besoin de plus de Barkhane, nous avons besoin de plus d’alliés, c’est ma conviction parce que ceux qui critiquent la présence française ou la présence des alliés dans le Sahel oublient que sans l’intervention Serval le Mali serait aujourd’hui sous le contrôle des terroristes, peut-être le Niger aussi. Alors, imaginons que Barkhane s’en aille, ça va affaiblir notre lutte, ça va affaiblir notre camp. Au profit de qui ? Au profit des terroristes. »
« Il y aura une déclaration commune entre les chefs d’État du G5 Sahel et la France pour réaffirmer la nécessité de poursuivre cette lutte-là en commun et même d’élargir les forces qui devraient participer à cette lutte contre le terrorisme, déclare Kalla Ankourao, le ministre nigérien des Affaires étrangères. D’après tout ce que nous avons fait depuis 4 semaines, les choses ont été bien clarifiées. Nous savons désormais les décisions que nous allons prendre à Pau et croyez-moi les choses ne seront plus comme avant. Les difficultés vont être derrière nous, surtout qu’il y a des repères, un agenda. Il y a un tableau de bord pour mettre en œuvre tout cela. »
Prévue pour se tenir le 16 décembre, la réunion de Pau a été reportée en raison de l’attaque d’Inatès survenue le 11 décembre. Après la mort fin novembre de 13 soldats français au Mali.
Innocente Nice