Cameroun: Les exactions dans le cadre de la lutte anti-Boko Haram sont-elles à leur faîte?

Afriquinfos
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Selon l’Amnesty International, «les autorités camerounaises doivent révéler où se trouvent les 130 hommes et garçons toujours portés disparus 20 mois après leur arrestation durant une opération de répression contre des membres présumés de Boko Haram», s’est alarmée cette organisation, lors de la célébration de la Journée internationale des personnes disparues, mardi 30 août.

L’ONG internationale avait déjà interpellé le Gouvernement camerounais en décembre 2015, un an après l’arrestation, selon eux, d’au moins 200 hommes et garçons dans les villages de Magdeme et Doublé. Les pouvoirs publics ont depuis affirmé avoir interpellé 70 membres présumés de Boko Haram, dont 25 sont décédés la nuit même et 45 ont été transférés à la prison de Maroua. Au moins 130 personnes seraient donc encore portées disparues…

Enquête ouverte au ministère de la Défense

«Le fait que les autorités continuent de s’abstenir de révéler où ils se trouvent est insultant à l’égard des familles qui attendent depuis longtemps déjà de savoir ce qu’il est advenu de leurs proches», a déploré Alioune Tine, Directeur du bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique centrale et de l’Ouest. «Le pays doit cesser d’utiliser son combat contre Boko Haram comme argument pour justifier les violations flagrantes des droits humains dont il est responsable», a-t-il ajouté.

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Amnesty International a communiqué à cette fin la liste complète des noms des disparus aux ministres camerounais de la Défense et de la Justice, ainsi qu’au responsable des opérations militaires dans le nord du pays. Les autorités ont dans la foulée annoncé qu’une enquête interne avait été ouverte au ministère de la Défense pour faire la lumière sur les événements. Celle-ci est toujours en cours…

Les auteurs seront punis au pire des cas

«Nous menons cette enquête en ce moment-même, avec bonne foi et en toute régularité», s’est défendu le porte-parole du ministère de la Défense au Cameroun, le colonel Didier Badjeck. «Mais nous le faisons à notre rythme, car nous avons également une guerre à mener avec les terroristes. Si exactions il y a, les auteurs seront punis, comme cela a déjà été fait par le passé», précise-t-il.

Dans un Rapport publié en juillet 2016 et intitulé «Bonne cause, mauvais moyens…», Amnesty International dénonçait déjà des violations de l’armée camerounaise, dans le cadre de la guerre contre Boko Haram. «Plus de 1.000 personnes, dont beaucoup ont été arrêtées arbitrairement, sont détenues dans des conditions épouvantables, et plusieurs dizaines d’entre elles meurent des suites de maladies, de malnutrition ou de tortures dans le cadre des opérations de répression menées contre Boko Haram», s’alarmait déjà l’ONG.

VIGNIKPO AKPENE