Plusieurs manifestations contre la vie chère et la gouvernance fédérale ont eu lieu dans plusieurs grandes villes du plus peuplé Etat africain ce 1er aout 2024. Les manifestants entendent maintenir la pression le plus longtemps possible, malgré les efforts du pouvoir fédéral pour expliquer de quelle manière il apporte déjà des solutions aux maux globaux du 4è Etat le plus vaste en Afrique de l’ouest.
Les manifestants demandent à Bola A. Tinubu de revenir sur certaines réformes, comme la suspension de la subvention au carburant, mais aussi de « mettre fin à la souffrance et à la faim » dans le pays.
« La faim m’a poussé à manifester », a commenté Asamau Peace Adams, un manifestant de 24 ans, devant le stade national d’Abuja. « Tout cela est dû à la mauvaise gouvernance », a-t-il dénoncé. A Kano, des groupes de manifestants ont commencé à vandaliser des panneaux de signalisation, et tenter d’allumer des incendies, a constaté un journaliste.
– « Nous avons faim » –
« Nous avons faim, même la Police et l’Armée ont faim », a déclaré Jite Omoze, 38 ans, un ouvrier travaillant dans une usine. « J’ai deux enfants et une femme mais je ne peux plus les nourrir », a-t-il dit, appelant le Gouvernement à réduire les prix du carburant. Les organisateurs de ces manifestations, une coalition informelle de groupes de la Société civile, ont affirmé vouloir poursuivre leurs actions malgré des recours juridiques visant à limiter les rassemblements aux parcs publics et aux stades.
À la veille des manifestations, les représentants du Gouvernement avaient appelé les jeunes à éviter les rassemblements et à laisser le temps aux réformes de porter leurs fruits. Le Gouvernement a dressé mercredi 31 juillet 2024 la liste des aides qu’il a proposées pour atténuer les difficultés économiques, notamment l’augmentation du salaire minimum et la livraison de céréales dans les États du pays.
« Le Gouvernement du Président Tinubu reconnaît le droit de manifester pacifiquement, mais la circonspection et la vigilance doivent être nos mots d’ordre », a tempéré devant la presse le secrétaire du Gouvernement de la Fédération, George Akume. « Nous appelons les Nigérians à poursuivre sur la voie de la paix, du dialogue et de la collaboration », a-t-il ajouté. La semaine dernière, l’Armée nigériane a mis en garde contre toute reproduction des violences récentes au Kenya, théâtre de manifestations meurtrières qui ont forcé le Gouvernement de William Ruto à retirer son projet de nouvelles taxes en juin. Au moins 50 personnes ont été tuées, selon l’Agence nationale de protection des droits humains.
Le dernier grand mouvement de protestation au Nigeria a eu lieu en octobre 2020. Baptisé #EndSARS, il entendait mettre fin aux abus d’une brigade de police, la SARS, et s’est ensuite étendu à une contestation politique. Ce mouvement était parvenu à obtenir la dissolution de cette unité de police, mais les manifestations se sont terminées dans un bain de sang, avec au moins 10 manifestants tués, selon Amnesty International. Le Gouvernement et l’Armée ont nié toute responsabilité.
© Afriquinfos & Agence France-Presse