Borno (© 2017 Afriquinfos)- Une cinquantaine de personnes, civils et humanitaires, ont été tuées lorsqu’un avion de l’armée de l’air nigériane a bombardé par erreur dans le nord-est du pays un camp de déplacés ayant fui les violences de Boko Haram, selon un bilan de Médecins sans frontières.
Les frappes aériennes ont eu lieu à Rann, dans le nord de l’Etat du Borno, épicentre de l’insurrection des islamistes du groupe Boko Haram, alors que les humanitaires distribuaient de la nourriture aux déplacés forcés de fuir les violences.
Aucun bilan officiel n’était disponible mardi soir, mais un officier supérieur nigérian a confirmé qu’il y avait « énormément » de victimes.
« Un avion militaire a bombardé par erreur Rann au lieu de Kala », une localité voisine, a affirmé par téléphone à l’AFP un habitant, Abba Abiso. « Ces dernières semaines, Boko Haram a déplacé sa base de la forêt de Sambisa vers Kala et un avion militaire a visiblement confondu Rann avec Kala », a-t-il ajouté.
MSF condamne fermement ce bombardement
Mais selon un dernier bilan de l’organisation Médecins sans frontières (MSF), ses équipes sur place ont recensé 52 morts et 120 blessés.
« Cette attaque à grande échelle contre des personnes vulnérables qui ont déjà fui des violences extrêmes est choquante et inacceptable », a déclaré le Dr Jean-Clément Cabrol, directeur des opérations de MSF.
MSF précise que ses équipes « tentent de fournir des premiers secours d’urgence » aux blessés, demandant aux autorités « de mettre en place toutes les mesures possibles » afin de faciliter les évacuations d’urgence.
« Nos équipes médicales et chirurgicales au Cameroun et au Tchad sont prêtes à traiter les blessés. Nous sommes en contact étroit avec nos équipes sur place, qui sont en état de choc ».
Des images diffusées après l’attaque montraient des enfants blessés, en pleurs, les vêtements déchirés et maculés de sang, ainsi que des corps allongés sur des nattes et recouverts de couvertures. Des patients soignés à même le sol et des baraquements du camp ravagés par le feu étaient aussi visibles.
Six employés de la Croix-Rouge nigériane ont été tués dans le bombardement, a annoncé de son côté le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui a également des équipes dans la zone.
« Parmi les victimes des frappes aériennes d’aujourd’hui à Rann, six membres de la Croix-Rouge nigériane ont été tués et 13 blessés », a déclaré à l’AFP un porte-parole du CICR.
« Regrettable erreur »
Le président nigérian Muhammadu Buhari a déclaré dans un communiqué qu’il avait appris avec « une profonde tristesse » ce bombardement qu’il qualifie de « regrettable erreur opérationnelle », tout en appelant les populations au calme.
Ce bombardement survient alors que l’armée nigériane a revendiqué de nouvelles victoires contre la filiale du groupe État islamique en Afrique de l’Ouest, dont les combattants sont peu à peu chassés des territoires qu’ils avaient conquis dans l’Etat du Borno.
Le mois dernier, l’armée a déclaré que le conflit entrait dans sa phase finale après presque huit années de violence qui ont fait au moins 20.000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés.
Innocente Nice