Initié par un groupe d'experts nigérians, le projet d'un coût global de 183 millions de dollars est aujourd'hui piloté par un fonds spécial de la CEDEAO, le Fonds Africain des Biocarburants et des Energies Renouvelables (FABER) qui a investi 10 millions de dollars.
L'Etat Ekiti donnera le coup d'envoi avec déjà 6.500 hectares de culture de sorgho, alors que le projet devra couvrir globalement une superficie de 97.500 hectares à terme, dont 65.000 hectares au Nigeria et 32.500 hectares dans les autres Etats de la CEDEAO dont le Nigeria est le plus vaste pays membre.
Au fait, deux partenaires stratégiques chinois, COZA International Limited et WEMET, ont contribué au financement à près de 91 millions de dollars, soit 70 % du coût du projet. Leur intervention financière a permis de boucler le financement, outre les apports de plusieurs institutions du Nigeria notamment Africa Finance Corporation (AFC), First Bank, Nigeria Export Import Bank (NEXIMBANK), Access Bank et l'Etat d'Ekiti.
Les experts notent que l'attraction du Nigeria réside dans le fait que près de 7,8 millions d'hectares de terres cultivables de sorgho sont actuellement exploitées par les agriculteurs ruraux mais à petite échelle dans ce pays .
Ils estiment que chaque hectare de culture de sorgho produit actuellement environ 90 tonnes de biomasse après les récoltes et que la combustion et la dégradation des résidus agricoles émettent des milliards de tonnes de C02 et de méthane dans l'atmosphère, augmentant ainsi la concentration des gaz à effet de serre, cause du réchauffement global.
Tous les acteurs parlent d'atouts que le Nigeria capitalisera. Déjà, le marché nigérian obtiendra 20% des 72 millions de litres d'éthanol à produire par an dans la première phase du projet, contre 80% pour le marché chinois.
Mais dans la seconde phase, le Nigeria prendra l'exclusivité de toute la production qui évoluera pour atteindre près de 3 milliards de litres, a expliqué le président directeur général du Faber, Bocar Tall.
Selon Andy Cheung, directeur du projet auprès de la COZA international Limited, les répartitions de la production d'éthanol pour les deux marchés sont dictées par les conditions et situations qui se présentent pour l'écoulement du produit au démarrage du projet.
"La Chine dispose d'assez de potentialités agricoles avec diverses cultures dont la canne à sucre, le riz et le maïs pour une production massive d'éthanol. Nous n'avons pas encore ce problème et ce besoin", a-t-il expliqué.
"Nous sommes motivés fondamentalement par le transfert d'expertise pour aider des pays africains à entreprendre un projet dans lequel la Chine a déjà des milliers d'années d'expérience", a insisté Cheung, soulignant que le projet produira à terme dans les milieux ruraux nigérians un changement que des paysans ont connu déjà en Chine.
Bocar Tall relève des "retombées extraordinaires" à vernir pour le Nigeria, ajoutant que le projet fournira, en terme d'emplois vert, 8 mille emplois directs et 50 mille emplois indirects, aidera à résoudre les problèmes de changement climatique et permettra de séquestrer 900 mille tonnes de CO2.
De l'analyse du directeur général du Faber, le projet générera environ 30 Mwatt pour l'électrification rurale de toute la zone de production et induira une amélioration considérable dans la vie socio-économique notamment dans les secteurs commerciales, scolaires et sanitaires.
"Nous croyons fermement à ce projet en raison de son originalité et de sa pertinence à produire un développement humain durable", a indiqué de son côté Bashir Ifo, président par intérim de la Banque d'investissement et de développement de la CEDEAO ( BIDC) dont le Faber est un fonds spécial.