Après une série de débrayages, pendant plusieurs mois, sans succès, pour exiger du gouvernement la réduction de 30% du prix à la pompe des hydrocarbures produits au Niger, le Collectif des propriétaires de taxis, et les Syndicats des conducteurs de taxis et de minibus, communément appelés "faba-faba" (secourir, en langue Zarma), ont décidé, sans consultation des autres parties, à partir du samedi 6 octobre dernier, de relever le prix de la course interurbaine.
Par cette décision, la course de taxi passe de 200 à 300 FCFA, soit une augmentation de 50%, et celle des minibus, de 125 à 200 FCFA. Pour justifier leur décision, ces syndicats invoquent, entre autres, la hausse des différentes taxes et du prix des hydrocarbures. Cette décision a provoqué l'indignation et la stupéfaction chez beaucoup de citoyens nigériens, même si, certains, une minorité, la trouvent légitime. Pour ces derniers, cette décision est bien justifiée ; c'est le dernier recours face à au mutisme et à l'indifférence du gouvernement après plusieurs mois de lutte sans effet.
L'opposition politique nigérienne, quant à elle, explique cette situation par la non maitrise de la gestion du secteur par les autorités au pouvoir. Pour beaucoup de Nigériens, par contre, cette décision est non fondée; ils appellent, par conséquent, les usagers à ne pas la respecter.
Les acteurs de la société civile Lawal Tsayabou et Souley Oumarou, dénoncent cette attitude des conducteurs de taxis et minibus qu'ils trouvent inopportune, et saluent, par ailleurs, le décret récemment pris par le Conseil des ministres réglementant le prix du transport urbain, qui est une nouveauté. Ils disent ne pas comprendre que ces syndicalistes aient accepté pendant des années le prix de la course en taxi à 200 f alors qu'ils achetaient le litre d'essence autour de 700 f, et décident royalement de l'augmenter, aujourd'hui, après que l'Etat a baissé depuis un an le litre à 579, et annoncé une prochaine réduction à compter de janvier 2013 de 40 f sur le prix du litre d'essence.
"C'est à l'Etat de prendre les dispositions idoines pour mettre fin à cette anarchie", propose Dr Alfari, pharmacien. Cette décision a été en effet vite condamnée par les autorités nationales. Le gouvernement, réuni le mardi 9 octobre, tout en prenant les dispositions pour faire cesser "cet abus manifeste", a rappelé que "les prix de la course de taxi et des autres véhicules de transport urbain et périurbain restent inchangés". En conséquence, le Conseil des ministres a instruit les autorités concernées par cette question "pour y mettre un terme définitif". Pour le ministre des Transports Ibrahim Yacouba, d'ores et déjà, le gouvernement a pris un décret qui réglemente désormais le prix du transport urbain interurbain.
"Il n'est pas normal, il n'est pas acceptable, qu'un groupe de syndicats décrète de manière unilatérale une augmentation de prix du transport", dans un Etat démocratique. Il a rappelé qu'il ya un an, le gouvernement a réduit le prix du litre d'essence de 100 fcfa ; "dans deux mois, il va encore baisser de 40 fcfa. C'est ni moralement acceptable, ni économiquement justifiable, cette augmentation du prix du transport", a-t-il martelé.
"Le gouvernement a la mission d'abord de protéger les consommateurs", devait rappeler M. Ibrahim Yacouba. Il a tenu à souligner qu'il n'a ya aucune activité qui puisse se faire en dehors de la réglementation. Et c'est désormais au Ministre du commerce de fixer le prix des courses. Un arrêté ministériel a été pris le mercredi 10 octobre dernier, dans ce sens.
"Le prix des taxis reste inchangé. Ceux qui violent la réglementation savent aux sanctions auxquelles ils s'exposent", a conclu l'autorité responsable des Transports au Niger.