Lomé (© 2023 Afriquinfos)- Quelles sont les raisons qui ont bien poussé le CNSP à prendre le pouvoir et à mettre fin au régime de Mohammed Bazoum ? ‘’Nous sommes venus pour essentiellement rétablir la sécurité’’, s’est justifié le général Mohamed Toumba Boubacar, qui occupe le poste de ministre d’État ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation depuis le coup d’État du 26 juillet 2023 au Niger.
S’exprimant lors du premier ‘’Forum de Lomé sur la paix et la sécurité’’, (Lomé Peace and Security Forum), qui s’est tenu ce weekend (21-22 octobre 2023) à Lomé, au Togo, le membre du CNPS a également laissé entendre, qu’’’après dix ans d’observation de la situation sécuritaire du pays, au lieu que le remède soit efficace, c’est la maladie qui gagne du terrain’’, précisant que c’est un objectif qui ne peut être atteint en quelques mois, malgré que le CNSP au pouvoir a pris l’engagement de ne pas dépasser une transition de trois (3) ans dont les fondamentaux seront déterminés par un dialogue inclusif national qui sera convoqué à cet effet pour en dégager les grandes orientations. A-t-il dit, en échos aux déclarations du CNSP et de son président, le chef de l’Etat, le général Abdourahmane Tchiani.
Axé sous le thème : ‘’comment renforcer les transitions politiques vers une gouvernance démocratique en Afrique ?’’, la rencontre de Lomé était l’occasion pour le ministre de dire ses vérités sur les sanctions prises par les Chefs d’Etat de la Cédéao contre le Niger ainsi que leurs velléités d’une intervention militaire pour réinstaller l’ancien président Bazoum Mohamed au pouvoir.
Lors de ce déplacement à Lomé, qui est une première sortie à l’international, le chef de la délégation du Niger au Forum de Lomé est surtout revenu sur le ‘’projet funeste’’ de la Cédéao pour réinstaller le président déchu Mohamed Bazoum, avec la menace d’intervention militaire envisagée par les Chefs d’état. ‘’Attaquer le Niger, c’est la fin de la Cédéao’’, a-t-il prévenu lors de son intervention.
Selon lui d’ailleurs, vouloir réinstaller l’ancien président dans son fauteuil présidentiel est ‘’utopique’’ et relève du ‘’domaine du fantasme’’.
Le ministre de l’Intérieur a pris sur lui de dénoncer le fait que dès le lendemain du coup d’État du 26 juillet, les chefs d’Etat de Cédéao ont pris la grave décision d’imposer des sanctions au Niger qui a été placé sous embargo avec des conséquences désastreuses pour le pays et les populations. ‘’On ne peut pas dans de telles circonstances dire qu’il va falloir venir attaquer le Niger et replacer le président déchu. Militairement, ce n’est pas possible et c’est du domaine du fantasme, quand nous savons dans quelles conditions se trouve le président et qu’aujourd’hui’’, a encore mis en garde le général Toumba. ‘’Nous le disons haut et fort, à une seule condition, si on force, peut-être, c’est son cadavre qu’il faut venir chercher. Si tel est l’objectif, peut-être que l’attaque pourrait se justifier. Si ce n’est pas le cas, je ne vois pas dans quelles conditions on pourrait revenir essayer de replacer le président Bazoum’’, a-t-il déclaré avant d’appeler plutôt la communauté internationale à dialoguer et à accompagner les nouvelles autorités du Niger pour une sortie pacifique de cette situation et surtout un processus réussi pour un retour à la gouvernance démocratique.
Non à la force, oui au dialogue
‘’Le pouvoir n’est pas une question d’amitié entre chefs d’Etat. Nous sommes résolument engagés à apporter un peu de lueur d’espoir au peuple nigérien, ne serait que sur le plan sécuritaire’’, a conclu le Général Mohamed Toumba Boubacar.
Le Forum de Lomé était, en effet, consacré aux transitions politiques en Afrique et les représentants des 3 pays du Sahel (Niger, Burkina et Mali) étaient très attendus pour faire part de leurs expériences et surtout se faire entendre. Un exercice auquel s’est livré le ministre d’Etat et de l’Intérieur qui a d’ailleurs déploré le manque d’écoute qui a prévalu au niveau de la Cédéao suite aux évènements qu’a connu le Niger le 26 juillet dernier avec la nouvelle irruption de l’armée sur la scène politique et la transition ainsi ouverte.
Initié par le gouvernement togolais, avec le soutien de l’UA et de l’ONU le forum de Lomé était l’occasion d’aplanir les choses. D’après le ministre Robert Dussey, lechef de la diplomatie togolaise dont le pays s’est d’ailleurs clairement opposé à faire la guerre au Niger, ‘’les sanctions ne sont pas forcément la meilleure solution’’, a-t-il souligné. Même son de cloche chez Me Joseph Kokou Koffigoh, ancien premier ministre du Togo, ‘’il ne doit pas avoir de guerre, de conflit entre la Cédéao et le Niger ni entre les autres Etats’’.
‘’La meilleure solution c’est de discuter avec tous les régimes transitoires afin de les aider à sortir de la transition pour construire un État de droit démocratique’’. C’est l’appel lancé par les intervenants lors de ce forum sur la Sécurité.
La rencontre, qui a regroupé plus de 300 participants, s’est achevée sur ‘’la déclaration de Lomé sur les transitions politiques issues des coups d’État sur le continent’’.
V.A.