En effet, de source officielle, le Niger aurait donné son accord pour que la sécurité des sociétés minières, notamment du groupe français Areva, installées dans la région d'Agadez (extrême nord), soit assurée par les Forces spéciales françaises, et d' autre part, pour accueillir une base de drones de surveillance américains en vue de contrôler les activités des groupes terroristes dans la bande sahélo-saharienne.
Le chef de l'Etat nigérien Issoufou Mahamadou a confirmé, lors de l'émission "Internationales" de la radio France internationale, le 3 février, la présence de ces forces, précisant toutefois qu'il n'y a eu pour le moment aucun accord à ce sujet.
"Nous avons décidé, surtout au regard de ce qui s'est passé en Algérie, avec l'attaque du site gazier d'In Amenas, de ne pas prendre de risques et de renforcer la protection des sites miniers ", a-t-il indiqué, sans donner plus de précision sur le nombre des forces spéciales en présence.
S'agissant des drones américains, le président Issoufou a jugé leur présence nécessaire au Niger en vue, entre autres, de sécuriser la frontière commune longue de plus de 1.500 km avec le Nigeria, dont le nord est le théâtre depuis près de deux ans des activités sinistres du mouvement radical islamiste, Boko Haram.
Cette décision d'installation de bases militaires étrangères sur le sol nigérien a été accueillie avec beaucoup de réserve notamment dans les milieux des intellectuels.
L'ancien ministre nigérien de l'Intérieur Idi Ango Omar, intervenant dimanche sur la radio privée "ANFANI" à Niamey, ne trouve aucun inconvénient qu'il y ait des bases américaines ou françaises sur le territoire national, "si c'est dans le souci de protéger le Niger, son intégrité territoriale, son peuple et ses propres intérêts".
"C'est une très bonne chose d'assurer la sécurité du pays", a-t- il fait savoir.
Toutefois, devait-il ajouter, il faudrait que l'Etat ait la maitrise et le contrôle de la situation. "Que rien ne se fasse sans l'autorisation des plus hautes autorités du pays. C'est la seule manière d'éviter des dégâts collatéraux dans les frappes aveugles de ces drones, comme ça été le cas en Afghanistan, au Pakistan".
La question sécuritaire était également au centre d'un entretien, lundi matin, entre le président Issoufou et chef de file de l'opposition nigérienne Seyni Oumarou, a-t-on appris de source officielle.
Selon M. Nohou Arzika, acteur de la Société civile nigérienne, "ces puissances occidentales veulent recoloniser notre espace, notre continent. Ce problème sécuritaire mis en avant par certains, a été provoqué. C'est le produit d'une manipulation gigantesque pour justifier la nécessité de leur présence au Sahel. C'est dans une logique de recolonisation pour garantir à leurs pays les ressources minières dont regorgent nos sols".
Pour le directeur de publication de l'hebdomadaire privé nigérien "Aïr Info", M. Moussa Aksar, "c'est manquer de respect aux soldats nigériens que de faire venir des militaires étrangers pour sécuriser notre bien. Nos soldats peuvent le faire ; ils ont les capacités ; il suffit de leur donner le matériel nécessaire. Ils l'ont démontré pendant toutes les rebellions armées qu'a connues le pays", au cours des deux dernières années.
D'autres citoyens nigériens estiment que "par cet accord le gouvernement nigérien vient de notifier son incapacité à contrôler et à assurer la sécurité de son territoire. Autoriser l' installation de bases militaires américaines et française sur notre sol, soumet le Niger dans une situation de dépendance, voire de protectorat. L'Etat n'a pas toute son autonomie sur son propre territoire. C'est une erreur très grave".
Ils pensent que "cette décision de mettre sous tutelle notre pays, nécessite la caution du peuple".