En effet, les opérateurs privés, très puissants, profitant d'une situation embrouillée concernant le droit de l'exploitation de la fibre optique, ont entrepris des travaux de pose de fibre optique à coté de celle déjà installée par la Sonitel, au mépris de toutes les mises en garde de l'autorité en charge des télécommunications au Niger.
Le 2 mai dernier, l'Assemblée nationale a adopté les lois autorisant l'Etat du Niger à nationaliser la Sonitel et Sahel-com, après un long plaidoyer du ministre de la communication et des nouvelles technologies de l'information Salifou Labo Bouché et l'échec constaté par le gouvernement de la privatisation des deux sociétés.
Ces nouveaux textes juridiques accordaient à ces deux entités de l'Etat le monopole d'appel international et d'internet haut débit (fibre optique) pendant un temps transitoire de cinq ans.
Trois semaines plus tard, le gouvernement a renvoyé, en seconde lecture, à l'Assemblée nationale la même loi sur la nationalisation de ces deux entreprises pour modifier certaines dispositions relatives notamment à ces privilèges octroyés à la Sonitel, et ceci, suite à une lettre de protestation que les responsables des deux opérateurs étrangers de la téléphonie mobile auraient adressée au président nigérien Mahamadou Issoufou.
Selon la loi modifiée, adoptée par les parlementaires, la Sonitel ne bénéficie plus de l'exclusivité dans le développement de la fibre optique.
Cette volteface des élus du peuple avait suscité la colère des travailleurs de Sonitel et de sa filiale Sahel-Com, qui ont manifesté le 25 mai dernier devant les locaux de l'Assemblée nationale.
Par la suite, le gouvernement nigérien a autorisé Sonitel à construire le réseau de transmission Backbone National en fibre optique de Niamey à Zinder, sur plus de 900 km.
Pour ce faire, deux missions ont été effectuées par le ministre de tutelle, Salifou Labo Bouché, et ses collaborateurs, en Chine et en Algérie, qui ont abouti à des accords de principe pour le déploiement de la fibre sur les axes stratégiques définis par le Niger.
C'est ainsi que pour marquer toute la détermination et l'engagement du gouvernement à la réalisation du Backbone National en fibre optique, pour le compte de la Sonitel, le président nigérien Issoufou a donné le coup d'envoi, le 12 août passé, à Dosso, 140 km à l'est de Niamey, les travaux de la pose de la fibre optique.
Comme pour défier l'autorité, Orange Niger démarre au même moment, les travaux de pose de sa fibre optique sur le tronçon Niamey-Dosso-Malan ville (frontière du Bénin), alors même que ces infrastructures sont déjà réalisées par la Sonitel, sur cet axe, selon ses responsables.
Aussi, face aux agissements persistants de ces opérateurs étrangers à vouloir coûte que coûte poser la fibre optique, la convergence des syndicats du secteur de télécommunications a demandé aux autorités nationales d'interdire "la duplication" des infrastructures en fibre optique par ces opérateurs.
Les syndicats du secteur des télécommunications ont exigé du gouvernement l'interdiction formelle de la duplication des infrastructures en fibre optique par Airtel et Orange.
Ils ont lancé un vibrant appel au président de la république pour qu'il accorde une attention particulière à même d'arrêter " cette mise en scène dans le secteur des télécommunications et donner toute la plénitude à la SONITEL et SahelCom de jouer le rôle du pionnier dans ce secteur au Niger".
Au Niger, le secteur des télécommunications joue un rôle éminemment important dans l'économie nationale, en termes de consommation, de mobilisation des ressources et surtout la génération des revenus.
Pour le gouvernement, la construction du Backbone National par la Sonitel lui procure des sources importantes de revenus estimés à plusieurs dizaines de milliards de fcfa/an.
Le retrait de l'exclusivité ou du retard dans la construction du Backbone national en fibre optique, aura comme conséquences, entre autres, la non rentabilité de l'investissement sur le Backbone fibre-optique de Sonitel. Ce qui engendrerait, une perte drastique de la valeur de Sonitel et affecterait négativement l'intérêt que suscitera la reprivatisation auprès des repreneurs.