Niger : dans l’attente de la sortie du premier baril de leur pétrole, les Nigériens spéculent sur le prix à la pompe

Afriquinfos Editeur
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Dans tous les milieux nigériens, au bureau, dans les salons, sur la voie publique, les spéculations vont bon train, notamment sur la fixation du prix du carburant à la pompe après le lancement de la production locale.

Dans leur logique le litre de l'essence ne doit guère dépasser 400 FCFA, dans la capitale où bien avant l'exploitation du pétrole nigérien, le carburant introduit par la fraude se vendait déjà à 500 FCA le litre sur le marché noir, au nez et à la barbe des autorités.

A l'intérieur du pays, le prix du litre du carburant "fraudé" varie entre 250 à 400 FCFA, selon les zones.
Les citoyens nigériens sont, dans leur majorité, persuadés que l'exploitation du pétrole nigérien apportera un grand changement de leur niveau de vie. Ils sont nombreux à reconnaître que le pétrole peut contribuer à la relance de l'économie du pays, si l'Etat décide de le vendre à un prix un peu moins cher que celui du marché international.

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Selon M. Amadou, fonctionnaire, "avec les retombées de la vente notre pétrole, le niveau de vie de la population nigérienne doit logiquement s'améliorer. C'un est avenir promettant pour notre pays".
Par contre le souhait de Hassane, mécanicien, est "que l'Etat vende le carburant à un prix raisonnable, à la portée de tous, pour soulager la population qui fait déjà face à certaines charges ".
"Le carburant nigérien doit profiter à tous ; au-delà de 400 FCFA le litre d'essence à la pompe, nous n'attendons pas l'acheter. Nous allons nous rabattre sur le marché noir", clame un autre. Toutefois, selon Issaka, "si la réalité du marché international le recommande, on ne peut que s'aligner sur les autres pays producteurs".

Pour d'autres citoyens, par contre, cette manne a aussi ses conséquences néfastes sur le plan social qu'il faut savoir conjurer au Niger.
Les populations doivent éviter de tomber dans toute attitude susceptible d'affecter l'unité de la nation, la solidarité nationale et la quiétude sociale. Le Niger étant un Etat unique et unitaire et le pétrole, une ressource nationale, sa question doit être une préoccupation de tous les citoyens du Niger.

Du Manga, dans l'extrême nord-est, à Téra, dans le sud-ouest, tout le monde doit profiter dans les proportions prévues par la loi, selon une déclaration des ressortissants de Nguigmi, département où sont situés les puits du pétrole.

Dans une interview accordée à l'hebdomadaire nigérien "l'arbre à palabre", le Conseiller du président de la République, M. Sanoussi Tambari Jackou, souligne que c'est une bonne chose, le fait qu'on exploite le pétrole au Niger.
"De toutes les façons, le pétrole nous réserve beaucoup de biens. L'exploitation du pétrole a déjà permis de créer des infrastructures sur le territoire du Niger. Ça a transforme? l'environnement et le visage du Niger et le pays marche vers une modernisation de ces structures", a-t-il indiqué.
M. Jackou reconnaît également que l'exploitation du pétrole entraine "automatiquement et obligatoirement le recrutement des travailleurs. Il y'a beaucoup de paysans qui vont quitter pour se déverser dans le secteur secondaire. Il y a ensuite des revenus qui vont être distribués même s'ils ne sont pas grandioses et suffisants".

La cérémonie de lancement du démarrage de la production du pétrole par la Société de Raffinerie de Zinder (SORAZ) est prévue le 28 novembre prochain dans la capitale du Damagaram (900 km à l'Est de Niamey).
L'évènement sera retransmis en direct par la télévision nationale, a annoncé mardi à Zinder le ministre nigérien de la Communication et des Nouvelles Technologies de l'Information, M. Issaka Labo Bouché.

De son coté, le ministre nigérien des finances, M. Ouhoumoudou Mouhamed, en visite dans la région, s'est rendu lundi sur le site pour se rendre compte des préparatifs de ce grand évènement.
"C'est un instrument intégrateur qui va changer la physionomie de l'économie nigérienne, en général, et de celle de la région de Zinder, en particulier", a-t-il indiqué.
Il a été également question, de concert avec les responsables chinois de la SORAZ, selon le ministre Ouhoumoudou, de la mise en place d'un bureau de la douane au sein de la société en vue de faciliter sur place toutes les formalités douanières.
En rappel, c'est la société chinoise China National Petroleum Corporation-Niger Petroleum S.A. (CNPCNP) qui s'est engagée dans l'exploitation du pétrole nigérien.

En plus de la construction de la raffinerie de Zinder, d'une capacité de 100.000 tonnes, elle a également construit un pipe- line pour le transport du pétrole brut des champs pétrolifères d'Agadem à la raffinerie de Zinder, sur plusieurs centaines de kilomètres.
Le complexe estimé à plus de 980 millions de dollars dont 60% de financement chinois, emploie 3000 salariés dont la moitié est constituée de Nigériens.
Il comprend une dizaine de réservoirs d'une capacité de stockage de 80.000 m2 chacun. Environ 20.000 m2 de pétrole raffiné et 80.000 m2 de pétrole brut y seront produits.
En outre, une centrale électrique d'une capacité de production de 40 mégawats par jour y a été construite, qui pourrait servir à alimenter, en plus, la ville de Zinder.