Le scénario développe le choix -et ses conséquences- de trois jeunes environnementalistes désireux d'adresser un message choc en faisant sauter un barrage hydro-électrique, symbole de cette industrie insatiable en énergie qu'ils rejettent tant.
Pour la cinéaste, la question du radicalisme est au cœur de ses préoccupations. Il ne s'agit pas de cautionner ou dénoncer le choix extrême de ses personnages mais plutôt de poser la question des formes du radicalisme."Déboiser 95% des forêts vierges est un acte radical", affirme K. Reichardt, "BP est radical. Mais nous nous sommes habitués à cette forme de radicalisme auto-justifié par les profits qu'il engendre".
Le choix de K. Reichardt est également influencé par la radicalisation de l'actualité: "Nous entendons régulièrement l'histoire d'un passage-à-l'acte extrême de quelqu'un estimant son geste justifié par ses opinions". K. Reichardt nous confie que le personnage de Josh (Jesse Eisenberg) par exemple est "…plus sombre et pense qu'une certaine dose de violence est justifiable si cela s'avère nécessaire et que quelque chose de meilleur en résulte".
La réalisatrice native de Miami a choisi Dakota Fanning (Jane Volturi dans la saga "Twilight"), Jesse Eisenberg (Mark Zuckerberg dans "The Social Network") et Peter Sarsgaard (Charles Lane dans "Shattered Glass") pour incarner trois éco-terroristes et développer une histoire sur le dogmatisme.
"Ce qui m'intéresse pour mes films ce sont les ambiguïtés et le fait qu'il n'y a pas d'absolus en soi", a précisé K. Reichardt en entretien. Immersion dans le nord-ouest américain -dans l'Oregon plus précisément-, le film ouvre une porte sur ces communautés environnementalistes qui tentent de créer leur propre monde, la plupart vivant presqu'en autarcie. La nature est omniprésente et filmée de telle manière qu'on en vient presqu'à comprendre ce qui incite ces jeunes à vouloir la préserver à n'importe quel prix.
K. Reichardt s'est basée sur une nouvelle du livre de Jonathan Raymod "Livability: Stories". Cette collaboration existe depuis "Old Joy" qui remporta un Tiger Award au festival de Rotterdam en 2006.
Fortement ancrée dans les paysages de l'Oregon, la cinéaste puise dans les histoires du livre les "ambiguïtés qui font 'Night moves'", à savoir celle de sacrifier des vies pour sauver l'écosystème local. Cette dualité sera même au cœur du conflit qui divisera le groupe et les conséquences fatales qu'a engendré leur action.