Le monde profondément inquiet de la recrudescence des tensions entre le Soudan et le Soudan du Sud

Afriquinfos Editeur
5 Min de Lecture

L'Union africaine, la Chine, Les Etats-Unis, la Russie, la France et l'Union européenne ont fait part de leur "inquiétude profonde et grandissante face à l'intensification du conflit entre le Soudan et le Soudan du Sud, dont les dernières manifestations sont la prise et l'occupation par l'Armée populaire de libération du Soudan (forces armées du Soudan du Sud) de la ville d'Heglig et des champs de pétrole avoisinants situés au Soudan".

Selon eux, ces récents actes de violence menacent de faire retomber les deux pays dans une véritable guerre.

 

Regain de tension

L'armée soudanaise a lancé le 12 avril un raid aérien sur la ville sud-soudanaise de Bentiu, chef-lieu de l'Etat pétrolier d'Unité, à la frontière avec le Soudan, faisant un mort et quatre blessés.

"L'objectif du raid était de détruire un pont reliant la ville de Bentiu à celle de Rubkona", a affirmé le porte-parole.

Le gouvernement soudanais avait précédemment annoncé son intention de "recourir à tous les moyens légitimes" en réponse à une attaque lancée par l'armée sud-soudanaise dans la zone stratégique de Heglig, située dans l'Etat soudanais du Sud-Kordofan.

Le 10 avril, les Forces armées soudanaises (FAS) ont déclaré que les troupes de l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS) menaient une attaque d'envergure dans le champ pétrolier d'Heglig situé dans l'Etat du Sud-Kordofan, limitrophe du Soudan du Sud.

Après cette attaque, le parlement soudanais a décidé dès le 11 avril de décréter une mobilisation militaire générale et d'arrêter les négociations avec le Soudan du Sud menées sous l'égide de l'Union africaine dans la capitale éthiopienne d'Addis-Abeba.

La région d'Heglig a déjà connu plusieurs affrontements entre les troupes des deux pays en mars dernier. La ville d'Heglig, entourée de nombreux puits de pétrole, est située à 15 km de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud. Heglig, où se trouve le plus important champ pétrolier du Soudan, fournit près de la moitié de la production nationale, qui s'élève à 115 000 barils par jour.

 

Pétrole : la pomme de discorde entre les deux Soudan

Depuis la partition du Soudan en juillet 2011, le pétrole est à l'origine de conflits entre Juba et Khartoum qui se disputent des zones riches en brut et ne parviennent pas à s'entendre sur les frais de passage que le Sud doit payer pour exporter sa production via les oléoducs du Nord dont il dépend.

Le président soudanais Omar al-Béchir a déclaré le 12 février que son pays n'était pas en attente d'une subvention financière du Soudan du Sud, mais qu'il exigeait le respect de ses droits à percevoir son dû pour le transit du pétrole du sud via ses infrastructures.

"Nous ne renoncerons pas à ces droits et le sud ne peut choisir qu'entre deux options : soit de nous payer nos droits, soit de chercher un autre moyen d'exporter son pétrole à travers tout autre pays qu'il choisira", a ajouté al-Béchir.

Le président soudanais a réaffirmé que son pays ne serait pas affecté par la décision du Soudan du Sud de cesser le pompage et l'exportation de son pétrole à travers les oléoducs du Soudan.

Le Soudan du Sud a décidé le 20 janvier de suspendre ses exportations de pétrole à travers les oléoducs du Soudan, après que les autorités soudanaises ont commencé à prélever du pétrole pour compenser, ont-elles dit, le non-paiement des frais de transit dus.

Avec l'indépendance du Soudan du Sud le 9 juillet 2011, le Soudan a perdu deux tiers de ses ressources en or noir, et les deux parties n'ont pas encore réglé leurs différends liés au partage de la manne pétrolière.