Edité dans une quarantaine de pays, «Soumission» présente les sentiments et les ressentiments de la société française actuelle.
Dans cet ouvrage, l’auteur fait «une description de l’essence même des mots et des phrases couchés sur du papier pour faire communiquer les esprits humains au-delà des limites de leurs corps», commente RFI.
«La spécificité de la littérature, art majeur d’un Occident qui sous nos yeux se termine, n’est pourtant pas bien difficile à définir… Seule la littérature peut vous permettre d’entrer en contact avec l’esprit d’un mort, de manière plus directe, plus complète et plus profonde que ne le ferait même la conversation avec un ami», peut on lire sur les premières pages du roman.
L’auteur garde toujours son côté provocateur en inversant les tendances de la société française dans un futur proche. En mai 2022, lors de l'élection présidentielle, la candidate du Front national arrive largement en tête, avec 34,1 pour cent des suffrages. Et c’est le candidat de la Fraternité musulmane qui arrive en deuxième position au lieu du Parti socialiste.
Mohammed Ben Abbes devient finalement le premier président musulman de la République française. Et pour empêcher une prise de pouvoir par l’extrême droite, le PS, le centre et l'UMP sont prêts à former avec le parti musulman une grande coalition, avec François Bayrou comme Premier ministre.
A travers cette œuvre, Houellebecq dépeint une France ravagée par une guerre civile entre les immigrés musulmans et les populations autochtones d’Europe occidentale tout en la présentant avec une tranquillité et une neutralité déconcertantes.
Dans Soumission, «personne ne se révolte», tout le monde se réjouit de la baisse de la délinquance et du chômage. «La France retrouvait un optimisme qu’elle n’avait pas connu depuis la fin des Trente Glorieuses », écrit l’auteur.
Personne ne s’inquiète de l’emprise sur l’éducation et de la natalité. Les hommes jouissent du droit à la polygamie. Les femmes, elles, sont désormais condamnées à rester à la maison et s’occuper des enfants.
Dans ce monde littéraire deHouellebecq, il ne s’agit pas d’une projection dans les prochains jours. Aucune innovation technologique n’est mentionnée mais les réalités consistent à mélanger savamment les réalités, les peurs et les fantasmes pour en faire un amalgame étrange et familier. La décision de devenir esclave de son plein gré, y est présentée comme la seule solution valable d’où le titre de l’œuvre.
«Soumission», est éditée chez Flammarion.
A. Lamy