Message-clé véhiculé dans l’autobiographie du Général Ibrahim Badamasi Babangida publié en février 2025 

Afriquinfos Editeur
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Le président Bola Tinubu et l'ancien chef militaire Ibrahim Babangida lors de la présentation du livre et du lancement de la bibliothèque présidentielle le jeudi 20 février 2025 (DR, ChannelsTV)

Abuja (© 2025 Afriquinfos)- « Babangida : A Journey in Service », c’est le titre de l’ouvrage publié en février dernier par l’ancien président du Nigeria, le Général Ibrahim Badamasi Babangida. Les révélations du dirigeant militaire font l’objet de nombreux débats, car elles reviennent sur des pans importants de l’histoire politique de l’État fédéral. La décision controversée d’annuler les élections de 1993 et la crise qui s’en est suivie, ont été des tournants décisifs dans l’évolution du Nigeria et « IBB » comme il est surnommé évoque des regrets.  

A la tête d’une junte militaire qui a dirigé le Nigeria de 1985 à 1993, le général Ibrahim Badamasi Babangida aujourd’hui âgé de 83 ans, a visiblement eu le temps de faire son introspection. A travers son ouvrage, l’ancien dirigeant veut amener ses compatriotes à débattre et réfléchir à ce qui aurait pu se passer si les choses s’étaient déroulées différemment.

En parlant d’évènements qui aurait pu changer le cours de l’histoire du Nigeria, l’annulation des élections de 1993, tient le haut du pavé. Pour certains Nigérians, le pays ne s’est toujours pas vraiment remis de l’annulation de l’élection présidentielle de 1993.

Dans le livre, Babangida, aujourd’hui âgé de 83 ans, exprime pour la première fois ses profonds regrets d’avoir annulé cette élection. Le scrutin devait en effet mettre fin au régime militaire après 10 ans et l’annulation des résultats a plongé le pays dans la tourmente.

IBB reconnaît enfin que le candidat Moshood Abiola a été largement vainqueur de cette élection. En dépit de ça, ce dernier a été emprisonné et sa femme, assassinée. Ces faits ont déclenché de manifestations de protestation à travers le pays et une crise politique. Ibrahim Babangida sera lui-même contraint à la démission quelques mois plus tard. « Cet accident de l’histoire est des plus regrettables. La nation est en droit d’attendre de moi l’expression de mes regrets », a écrit l’ancien dirigeant dans son livre.

Ces révélations de Babangida ont suscité de nombreuses réactions dans le pays. L’actuel Chef de l’État, Bola Ahmed Tinubu a salué le « courage » de son prédécesseur. Le fils d’Abiola, Jamiu, a déclaré que la reconnaissance par le général Babangida que son père avait remporté l’élection était une agréable surprise pour lui et certains membres de sa famille. « Peut-être que le général Babangida recherchait la paix », a-t-il déclaré dans un interview.

Un autre fait majeur sur lequel a voulu revenir dans son ouvrage est l’exécution de son ami et promotionnaire, le général Mamman Vatsa. Vatsa et neuf autres personnes furent exécutés en mars 1986. Ils étaient accusés d’avoir planifié un coup d’État qui, selon Babangida, aurait plongé le pays dans les ténèbres. « J’ai dû choisir entre sauver la vie d’un ami et l’avenir de la nation », écrit-il. Il se souvient malgré tout de leur grande amitié et de la jalousie de son collègue. « Nous étions des amis très proches. Nous avions grandi ensemble à Minna et étions camarades de classe à Bida. Nous faisions beaucoup de choses ensemble, entre pairs. Ma femme se souvient que nous partagions une chambre quand nous étions célibataires. Nous prenions n’importe quelle chemise disponible, peu importe à qui elle appartenait, nous la portions et partions ! Nous étions si proches.

Avec le recul, je me souviens qu’une constante de notre relation d’adolescents et de jeunes hommes résidait dans sa jalousie constante et récurrente envers moi. Il était toujours envieux de mes réussites, surtout lorsqu’il pensait que je progressais mieux que lui, que ce soit à l’école ou dans notre carrière militaire » raconte Babangida.

Le général Ibrahim Badamasi Babangida a en outre tenu à rétablir sa vérité sur le coup d’Etat de 1966, le tout premier qu’a connu le pays après son indépendance. Ce putsch a été de tout temps étiqueté comme avoir été fomenté par des militaires de l’ethnie Igbo.   Le livre met également en lumière l’implication de membres d’autres groupes ethniques, notamment les Yorubas, dont beaucoup, selon lui, ont participé à la prise de pouvoir militaire, la mort de plusieurs officiers Igbos lors de la mutinerie et aussi la participation de militaire igbos dans la répression du coup d’État en brèche son dessein clanique.  « Ce fut une période terrible pour l’armée nigériane. Comme je l’ai dit ailleurs, en tant que jeune officier qui a vu tout cela de loin, les sentiments ethniques n’étaient probablement pas l’objectif initial des putschistes. » se remémore IBB.

Si le grand public a diversement accueilli la sortie du livre de l’ancien dirigeant regrettant notamment qu’il ait attendu 32 ans avant de se prononcer, le nombre de personnalités politiques présents à son vernissage, dénote que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Parmi eux, on dénombre le président Bola Ahmed Tinubu, l’ancien chef d’État, le général Yakubu Gowon, l’ancien chef d’État, le général Abdulsalami Abubakar, l’ancien président et ancien chef d’État, le président Olusegun Obasanjo, l’ancien président Goodluck Jonathan, l’ancien président du Ghana Nana Akufo Addo, l’ancien président de la Sierra Leone, le président Koroma, l’ancien vice-président Yemi Osinbajo, l’ancien vice-président Sambo et l’ancien vice-président Atiku Abubakar.

Boniface T.