Kinshasa (© 2017 Afriquinfos)-Le gouvernement congolais dément le contenu de la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux montrant de présumées exécutions sommaires. Pour l’exécutif, ces imagent constituent un « grossier montage ».
Dans un communiqué, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mendé explique que c’est aux accusateurs, en l’occurrence ceux qui ont diffusé ces vidéos, de prouver leurs assertions. Mais depuis ce weekend, il n’y a pas que les appels à enquêter qui se multiplient, mais aussi d’autres vidéos du même genre.
La note signée par Lambert Mendé, répondait aux premiers appels lancés, ceux des Etats-Unis et de la France. Mais par la voix de son porte-parole, le gouvernement appelait plus généralement ses partenaires à cesser de « promouvoir des attitudes condescendantes et délibérément malveillantes ».
A ce communiqué est associé le témoignage d’un expert signé M.K. sans plus de précision. Celui-ci dit relever des « curiosités ». La première que ces présumés militaires circulent à découvert, alors que selon les autorités, les « terroristes » Kamuina Nsapu sont armés. Ils répéteraient trop souvent le mot FARDC, il y aurait également un problème de synchronisation de son avec l’image sur une exécution. Conclusion de l’expert du gouvernement : c’est un grossier montage dans le but de discréditer les FARDC.
Mais depuis cette première vidéo, au moins deux autres sont relayées sur les réseaux sociaux. L’une présente une scène équivalente à la première vidéo, avec des corps d’enfants au sol, certains munis des bandeaux emblématiques des Kamuina Nsapu au milieu des présumés militaires et policiers en opération au Kasai Central.
La deuxième montre l’interrogatoire d’une petite fille qui reconnait faire partie d’un groupe Kamuina Nsapu avec son père. Elle est visiblement gravement blessée et agonise et reçoit des coups quand ses réponses déplaisent. Des témoins estiment qu’il s’agit de la petite fille morte le 27 janvier dernier lors de l’attaque contre le gouvernorat de Kananga.
Pour rappel, selon des spécialistes du secteur de l’enfance, plus de 50% des présumés miliciens Kamuina Nsapu sont des mineurs, majoritairement de moins de 14 ans, le plus souvent désarmés.
L’ONU appelle à une cessation immédiate des violences
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a demandé lundi au Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) de prendre des mesures immédiates pour mettre un terme aux violations généralisées des droits de l’homme, y compris les exécutions sommaires apparentes.
« Il y a plusieurs allégations crédibles de violations massives des droits de l’homme dans les régions du Kasaï, du Kasaï central, du Kasaï oriental et de Lomami, dans le contexte d’une forte détérioration de la situation sécuritaire, y compris des personnes ciblées par des soldats pour leur prétendue affiliation avec une milice locale », a déclaré M. Zeid dans un communiqué. « Il est temps d’arrêter une réaction militaire brutale qui ne fait rien pour s’attaquer aux causes profondes du conflit entre le gouvernement et les milices locales mais vise plutôt les civils sur la base de leurs liens présumés avec les milices », a-t-il souligné.
Pour le Haut-Commissaire, le gouvernement de la RDC doit veiller à ce que ses forces de sécurité, y compris la police et l’armée, respectent et protègent les vies et ne recourent aux armes à feu « qu’en dernier recours » face à une menace imminente pour la vie ou de blessure grave, « conformément à ses obligations internationales en matière de droits de l’homme ».
« La RDC est depuis longtemps affligée par de graves violences », a dit le Haut-Commissaire. Mais dans un contexte marqué par une aggravation inquiétante de la violence dans les provinces considérées comme relativement calmes, M. Zeid a de nouveau demandé au gouvernement de redoubler d’efforts pour lutter contre l’impunité qui nourrit davantage de violences et de violations des droits de l’homme.
Innocente Nice