L’Onu et l’Occident se mélangent les pinceaux pour la paix en Libye

Afriquinfos Editeur 16 Vues
3 Min de Lecture

La réunion a réuni le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni, son homologue John Kerry et l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Martin Kobler ainsi que des représentants de 18 pays européens et arabes.

L’accord négocié en octobre dernier prévoit  principalement qu’un homme d’affaires  relativement inconnu, Faez Serraj, prenne la direction d’un conseil présidentiel de neuf membres. «Cela signifie qu’ils n’auront aucun contrôle sur l’administration d’Etat, en particulier la banque centrale et pourrait relancer les combats pour le contrôle de la capitale», a émis comme réserve Paolo Gentiloni. Cette réunion était donc l’occasion de donner une chance aux deux parties rivales de trouver des circonstances atténuantes en vue de les amener à signer cet accord.

«Nous devons montrer que l’action des gouvernements et de la diplomatie peut être plus rapide que la menace du terrorisme», a affirmé  M. Gentiloni. L’objectif étant de former selon des sources européennes et américaines un gouvernement d’union dans les 40 jours suivant la signature de l’accord, faute de quoi l’ONU pourrait imposer des sanctions aux parties récalcitrantes. Cela devrait donner «un cadre et un élan à la cérémonie de signature», qui devrait avoir lieu au Maroc, a expliqué le ministre.

 Accord critiqué

Selon plusieurs observateurs, la signature de cet accord obtenu au forceps via une médiation étrangère reste «un pari irresponsable». C’est ce qu’ont dénoncé Emma Bonino, ancienne ministre italienne des Affaires étrangères, et le haut diplomate français Jean-Marie Guéhenno dans le magazine Politico. Les détracteurs de l’accord préviennent que toute tentative de précipiter le processus de réconciliation risque au contraire de renforcer les résistances qui se sont exprimées depuis l’annonce de cet accord en octobre, et d’accentuer les divisions au sein du pays plongé dans le chaos depuis la chute et l’assassinat concerté de Mouammar Kadhafi.

Les délégations n’ont d’ailleurs pas été en mesure de promettre que leurs parlements respectifs ratifieraient l’accord après cette cérémonie. De leur côté, certains Egyptiens ne voient pas cet accord d’un bon œil. Vendredi dernier, des centaines de manifestants se sont rassemblés sur la principale place de Tripoli, agitant des drapeaux libyens et appelant au rejet de l’accord. Cependant, «si l’accord tient, le gouvernement d’union pourra obtenir des armes et même un appui militaire international pour asseoir son autorité, lutter contre le terrorisme et l’immigration clandestine», assure un responsable américain.

L’Italie, ancienne puissance coloniale, se dit prête depuis des mois à prendre la tête d’une éventuelle intervention militaire. Mais elle exige l’accord d’un gouvernement reconnu, et un mandat précis de l’ONU.

Larissa AGBENOU