Les ONG Humanitaire et les scandales sexuels en Afrique : Médecins sans frontières de nouveau accusé

Afriquinfos
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Londres (© 2018 Afriquinfos) –Marchander des médicaments en échange de relations sexuelles : c’est ce pour quoi sont une fois encore accusés plusieurs travailleurs humanitaires de l’ONG Médecins sans frontières (MSF). Selon des ex-employés de l’organisation, des travailleurs humanitaires ont eu recours à de jeunes prostituées durant leurs missions sur le continent.

Ce jeudi plusieurs témoignages  anonymes d’ex-employées de l’association Médecins sans frontières ont été diffusés par le média britannique BBC. Selon leurs propos, des membres du «staff» de MSF – hors personnel médical – auraient eu recours à des prostituées lors de diverses missions en Afrique. Un comportement «répandu», selon ces témoignages.

« Un abus de pouvoir »

Au Kenya, par exemple, un humanitaire de haut rang a été vu lorsqu’il ramenait des filles dans les locaux de l’organisation selon les dires d’une ancienne membre du bureau de Londres.

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«Elles étaient très jeunes et on les soupçonnait d’être des prostituées», raconte-t-elle, précisant qu’il était «implicite» qu’elles étaient là pour le sexe. Aussi au témoin d’ajouter que dénoncer de pareils comportement relevait d’une misions difficile parce que les travailleurs humanitaires concernés étaient souvent «assez âgés».  Selon celle-ci, « il y avait certainement un abus de pouvoir. Ils étaient là depuis longtemps et ont profité de leur statut exalté de travailleur humanitaire occidental. Peut-être que la direction n’était pas au courant, mais on avait clairement le sentiment que certains de ces hommes “prédateurs” étaient considérés comme trop haut placés pour pouvoir tomber», poursuit-elle.

Un autre témoin, qui travaillait auprès des malades du sida en Afrique centrale a confirmé la récurrence de ces actes.

«Il y avait ce collègue plus âgé, qui a installé une femme dans la base. Il était clair que c’était une prostituée mais il l’appelait sa “petite amie” a confié cette humanitaire toujours sous-couvert de l’anonymat. Elle passait nuit après nuit avec lui», se souvient-elle. Et d’ajouter: «Il avait une cinquantaine d’années, et elle était beaucoup, beaucoup plus jeune. Et c’était flagrant, si flagrant». Cette ancienne salariée confie par ailleurs avoir été harcelée sexuellement par un de ses collègues: «Il m’a vraiment rendu la vie misérable. Il m’a torturé en ramenant des prostituées devant moi. Le pire est venu quand je suis partie pendant quelques semaines. Lorsque j’ai regagné ma chambre, j’ai trouvé des préservatifs usagés. Il avait dit à d’autres collègues qu’il les avaient délibérément laissés là» a-t-elle révélé. Après avoir fait état de ce comportement à son patron, on lui a proposé une médiation, la prévenant qu’elle serait renvoyée si elle ne réglait pas le différend avec son collègue.

Une fierté pour d’aucuns

Beaucoup plus grave, c’était une gloire pour d’autres cadres de MSF d’obtenir des relations sexuelles avec des jeunes filles ayant perdu leurs parents dans l’épidémie de l’Ebola au Liberia en échange de médicaments, indique le témoignage d’une troisième humaine. « “Oh, c’est si facile. Si facile d’échanger des médicaments avec ces filles faciles au Liberia”» disait l’un des concernés.

Cette affaire  rappelle celle de l’ONG britannique Oxfam, dont certains employés ont été accusés d’avoir commis des abus sexuels en Haïti, après le séisme dévastateur de 2010.

V.A