Le Président du Nigeria Bola Tinubu a entamé ce 28 novembre 2024 une visite d’Etat de 48h à Paris centrée sur le développement des relations économiques, alors que la France renforce ses partenariats en Afrique anglophone après une série de revers dans le Sahel francophone.
Vendredi 29 novembre 2024, Bola A. Tinubu présidera un Forum d’affaires avec le Medef (qui regroupe le patronat français). Confrontée à la concurrence de la Chine, de l’Inde ou de la Turquie, la France voit son poids dans les échanges avec l’Afrique sub-saharienne diminuer, même s’il reste important. Le Nigeria est pour sa part la quatrième économie d’Afrique en matière de PIB, selon le FMI, après en avoir été la première de 2014 à 2022.
Le Nigeria est le premier pays producteur pétrolier d’Afrique et le groupe français TotalEnergies y est déjà bien implanté, mais la visite d’Etat vise à développer la coopération dans d’autres secteurs comme l’agroalimentaire, les nouvelles technologies, la transition énergétique, la banque. Quatre banques nigérianes sont déjà présentes à Paris et ‘il va y avoir une annonce lors de la visite sur la présence d’une (nouvelle) banque nigériane ici’, projette l’Elysée.
‘Il y aura aussi des annonces des deux ministres des Finances, notamment via des prêts du Trésor qui seront octroyés pour des projets concrets au Nigeria’, ajoute l’Elysée.

– « Changement de méthode » –
Une centaine d’entreprises françaises sont présentes au Nigeria où sont réalisés 65% des IDE (Investissements directs étrangers) français en Afrique de l’Ouest. Lors de la visite d’Etat, ‘une attention toute particulière sera également portée aux jeunesses nigériane et française, à travers le développement d’échanges universitaires, professionnels et culturels‘, selon Paris. Au Nigeria, l’âge médian est de 18 ans et plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté!
Les relations avec les Nigérians ‘incarnent le changement de méthode que l’on veut impulser, car ils sont courtisés par tout le monde et veulent un partenariat d’égal à égal, pas une approche +donneur de leçon+’, notamment sur les droits humains, estimait récemment une source diplomatique française. Le géant africain est pourtant critiqué par plusieurs ONG pour les atteintes aux droits humains commises par ses Forces de sécurité contre sa population. Notamment dans le cadre de la lutte contre les groupes jihadistes Boko Haram et Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), dans le nord de son territoire.
La sécurité régionale au Sahel et en Afrique de l’Ouest sera ainsi évoquée, avec un soutien attendu à la Force multinationale mixte, créée en réponse à la montée des insurrections islamistes au Nigeria et dans la région du lac Tchad. Le Tchad, le Cameroun, le Nigeria et le Niger font partie de cette Force. La France a pour sa part longtemps été engagée militairement dans la lutte contre les mouvements islamistes au Mali, au Burkina Faso et au Niger, avant d’être priée de retirer ses Forces de ces pays à la suite d’une succession de coups d’Etat militaires.

© Afriquinfos & Agence France-Presse