Dans un premier temps, la nouvelle de cette progression rapide des troupes françaises, appuyées par les forces maliennes et africaines, est unanimement saluée comme une réussite du président français François Hollande, même si la facilité avec laquelle l’opération militaire française Serval a été menée surprend et inquiète.
"L'intervention française au Mali est pour l'heure un succès et l'explosion de joie de la population de Tombouctou libérée une belle récompense du risque pris il y a dix-huit jours par François Hollande", souligne mardi le journal économique français Les Echos, qui consacre son éditorial aux "victoires" du chef d'Etat français.
Le président Hollande s'est d'ailleurs exprimé lundi soir au sujet des succès militaires de la France au Mali. "Nous sommes en train de gagner une bataille", s'est félicité celui qui, en tant que chef des armées de son pays, a lancé l'opération Serval au Mali, le 11 janvier dernier, afin de stopper l'avancée des groupes djihadistes sur Bamako.
"La France n'a pas vocation à rester au Mali. En revanche, notre devoir c'est de faire en sorte que nous puissions permettre aux forces africaines de donner au Mali une stabilité durable", a- t-il ajouté lors d'une conférence de presse à l'Elysée.
"Les Africains peuvent prendre le relais et ce sont eux qui iront dans la partie du nord (du Mali)", a conclu le chef d'Etat français, soulignant la volonté de la France de confier la suite de la reconquête du pays ouest-africain à la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), formée sous l'égide de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) .
Pour le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'Ecole de guerre française, ce retour des forces africaines au-devant de la scène serait juste et bienvenu. "L'opération française a permis de rétablir les conditions qui vont permettre l'action telle qu' elle a été décidée (initialement) par l'Union africaine, par la CEDEAO et, je dirais, par l'Europe", a estimé l'expert militaire, interviewé mardi matin sur la radio France Inter.
"Ce n'est pas à nous d'être en première ligne jusqu'au bout. Ce n'est pas la mission de la France", a ajouté le général français, tout en indiquant que l'armée française continuerait vraisemblablement à apporter aux forces maliennes un soutien en logistique, en renseignement et en feu.
"Et c'est bien ce qui a toujours été dit, que les forces françaises allaient aider la Misma à remplir sa mission. Donc, nous sommes toujours dans l'esprit général qui avait été défini (notamment dans les résolutions 2056, 2071 et 2085 de l'ONU)", a-t- il ajouté.
Toutefois, certains observateurs s'interrogent sur l'absence de résistance réelle de la part des combattants djihadistes, face à l'opération militaire éclair des Français. Est-ce en raison de leur infériorité militaire et numérique ? Ou est-ce pour mieux prendre les troupes françaises ou africaines par surprise ?
"Face à la supériorité de la force de frappe française, (les groupes armés islamistes) ont opté pour une "stratégie d'évitement "," constate mardi le quotidien français Le Figaro, qui compare la reconquête éclair de Gao et Tombouctou à "un véritable blitzkrieg (terme allemand désignant les offensives militaires rapides) dans les sables du Sahel".
"Les djihadistes ne se sont pas évaporés comme un mirage. Ils n'ont pas tous été "détruits" par les frappes françaises", souligne le journal hexagonal.
"Et beaucoup s'attendent à ce qu'ils ressurgissent dans les prochaines semaines, cherchant à s'infiltrer à l'arrière des troupes françaises, à monter des embuscades contre les colonnes étirées de l'opération Serval ou préparent des attentats, à Bamako ou en dehors du Mali", prévient Le Figaro.
Comme le souligne Les Echos, "la France a gagné une bataille mais n'a pas encore tout à fait gagné la guerre".