L’Angola se prépare pour les urnes

Afriquinfos
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Luanda (© Afriquinfos 2017)-L’Angola vote mercredi pour des élections générales qui marquent la fin du règne exercé depuis trente-huit ans par le président José Eduardo dos Santos et vont, sauf énorme surprise, prolonger celui de son parti dans un pays en pleine crise économique.

Au pouvoir depuis l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise en 1975, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA) devrait une nouvelle fois l’emporter et installer son candidat et dauphin désigné, l’ex-ministre de la Défense Joao Lourenço, dans le fauteuil de chef de l’Etat.

Faute de moyens financiers et d’un accès conséquent aux médias, les deux principaux partis d’opposition, l’Unita et la Casa-CE, ne semblent pas en mesure de priver le MPLA de sa majorité absolue au Parlement.

Selon la constitution angolaise, le candidat du parti vainqueur est investi chef de l’Etat.

« On voit mal comment le MPLA pourrait ne pas remporter ce scrutin. Une défaite serait un tsunami », résume Didier Péclard, chercheur à l’université de Genève. « Le seul véritable enjeu, c’est de savoir avec quelle marge il va gagner ».

Samedi, à quatre jours du scrutin, José Eduardo dos Santos, 74 ans, a péniblement transmis le témoin à son successeur devant des milliers de partisans bardés des drapeaux rouge et noir frappés de l’étoile dorée du parti, convoqués dans une plaine poussiéreuse de la grande banlieue de la capitale Luanda.

« Nous n’avons aucun doute sur la victoire du MPLA. Notre candidat sera le futur président de la République. C’est pour ça que je vous le demande: le 23 août votez MPLA (…) et pour Joao Lourenço », a-t-il susurré d’une voix presque inaudible malgré une sono poussée à plein régime.

Avant de prendre aussi rapidement que discrètement congé de ses troupes, visiblement épuisé.

Santé fragile

La santé de « Zedu » semble avoir largement précipité l’heure de sa retraite, qu’il avait initialement planifiée pour 2018. Ces derniers mois, ses séjours « privés » en Espagne ont nourri les rumeurs les plus alarmantes, au point de contraindre son entourage et sa famille à démentir publiquement sa mort.

« Dos Santos a avancé son départ (…) à cause de ses problèmes de santé », confirme Alex Vines, du centre de réflexion britannique Chatham House.

« Cette décision reflète aussi la certitude pour la direction du MPLA qu’une nouvelle candidature du président sortant aurait réduit sa majorité ».

Car même s’il peut s’enorgueillir d’avoir ramené son pays à la paix après une meurtrière guerre civile (1975-2002), José Eduardo dos Santos abandonne les rênes du pouvoir dans un pays en crise.

Malgré la manne pétrolière qui a rempli ses caisses pendant quinze ans, l’Angola reste un des pays les plus pauvres de la planète. Et depuis 2014, la chute des cours de l’or noir l’a plongé au bord de l’asphyxie financière et fait s’envoler le chômage.

I.N