En fait, il n'existe aucun article dans la Constitution algérienne qui fixe un délai pour la désignation d'un gouvernement après l'installation de l'Assemblée populaire nationale (APN). En revanche, il est de tradition que le Premier ministre en exercice dépose la démission de son cabinet juste après la mise en place du Parlement. Peu après, le président de la République nomme un nouveau gouvernement.
"En termes clairs, la loi ne prévoit pas de délai précis pour l'annonce du gouvernement", a déclaré à Xinhua l'analyste politique Hamid Ghoumrassa.
"Nous sommes habitués à voir le Premier ministre présenter la démission de son staff peu après l'annonce des élections législatives. Mais cette fois-ci, les choses ne se sont pas déroulées de la même façon, ou disons que cela ne s'est pas produit aussi vite que d'habitude", a-t-il dit.
A la question de savoir si les crises internes que traversent actuellement certains partis politiques majeurs ont eu de l'impact sur l'annonce d'un nouvel exécutif, M. Ghoumrassa a estimé que " cela pourrait être l'une des raisons, mais n'explique pas à elle seule la situation. Car comme je l'ai annoncé précédemment, il n' y a pas d'agenda spécifique pour l'annonce du gouvernement".
Citant une "source gouvernementale", le site local d' informations en ligne toutsurlalgerie (TSA) a fait savoir que le changement de gouvernement n'aurait pas lieu avant le 15 juillet prochain. "Il faut attendre que les épreuves du bac et les festivités du 5 Juillet (cinquantenaire de l'indépendance du pays) passent pour procéder probablement à un changement de l'équipe", a affirmé cette source.
A propos de la composante du futur exécutif, le président Abdelaziz Bouteflika cherche à former un gouvernement d'union nationale, dans lequel toutes les tendances politiques seraient représentées. Mais un tel "souhait" pourrait ne pas devenir réalité, étant donné que certaines formations politiques influentes disent avoir décliné les propositions les invitant à intégrer le futur gouvernement.
"Je ne pense pas que le président Bouteflika parvienne à former un gouvernement qui sera composé de différents partis représentant la scène politique, pour la simple raison que des formations majeures ont refusé d'y prendre part et ce à l'image du Parti des Travailleurs (PT) et du Front des Forces socialistes (FFS)", a précisé M. Ghoumrassa.
A cet égard, la secrétaire générale du PT, Louiza Hanoune, a exclu toute éventualité que des membres de son parti figurent dans le prochain gouvernement. "L'entrée de notre parti au gouvernement n'est nullement prévue (..) le partage du pouvoir doit être basé sur les résultats des élections législatives, sans quoi il serait une infraction à la démocratie", a-t-elle déclaré à l'occasion des travaux de la session ordinaire du comité central de son parti.
Quant au plus vieux parti d'opposition en Algérie, le FFS, sa position par rapport à l'intégration ou non du prochain gouvernement n'est pas claire.
En réponse à une question relative à une éventuelle participation de son parti au gouvernement, le premier secrétaire du FFS, Ali Laskri, a répondu aux journalistes que "la question n' a toujours pas été évoquée".
Pour le parti d'opposition islamiste, le Front pour la justice et le développement (FJD), son président Abdellah Djaballah, a indiqué que le FJD a refusé des propositions transmises par des intermédiaires à participer au prochain gouvernement, car le parti est "engagé au militantisme", a-t-il précisé lors d'une conférence de presse.
La décision de ne pas faire partie de la nouvelle équipe gouvernementale est aussi affichée par l'Alliance de l'Algérie verte (AVV), une coalition de trois partis islamistes. Seul bémol, Amar Ghoul, un cadre éminent du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP, l'un des trois partis de l'AVV), et également ancien ministre des Travaux publics, a engagé un bras de force avec son parti en laissant entendre qu'il accepterait un portefeuille ministériel, arguant que "je suis au service de mon pays, l'Algérie".
Selon certains médias locaux, le président Bouteflika pourrait proposer le poste de Premier ministre à M. Ghoul.
Il est à noter que le MSP, qui avait intégrer pour la premier fois le gouvernement en 1995, a rejoint en 2004 le Front de Libération Nationale (FLN) et le Rassemblement National Démocratique (RND) pour former l'alliance présidentielle, avant de s'y retirer début 2012.
A en croire M. Ghomrassa, le nouveau gouvernement devrait comprendre en son sein de nouvelles têtes, lesquelles seraient issues des deux premiers partis du nouveau parlement élu, à savoir le FLN et le RND. Dans un souci d'équilibre politique des institutions, l'analyste voit également dans le futur gouvernement "des personnalités technocrates, et éventuellement, des personnalités islamistes indépendantes".