Le Kenya n’a pas encore fini de sécher ses larmes que les jihadistes lui promettent l’enfer dans les jours à venir. Un chantage sadique qui amène à s’interroger sur les soutiens dont ils bénéficient. Malgré les trois (03) jours de deuil national décrété par le président Uhuru Kenyata, les auteurs de ces crimes ne semblent pas observer une trêve. Ils sont plutôt galvanisés de leurs actes dont ils se « délectent ». A la lumière de ces provocations, il n’est d’aucun doute qu’ils ont un appui derrière. C’est ce que certains analystes semblent décrypter.
A part les armes sophistiques, les moyens logistiques dont ils disposent et dont les ramifications remontent à d’obscurs financements, les jihadistes ont un terreau favorable. Ils exploitent des frustrations dues aux inégalités à des fins religieuses. Ainsi pour assouvir leurs appétits funestes, les populations opprimées constituent pour eux la masse à endoctriner avec des concepts flous. Le nord et la côte kenyane sont les terreaux où ils recrutent facilement des candidats au jihad.
Garissa à l’instar de Mandera, Wajir, la côte kenyane sont souvent la cible d’attaques des islamistes Shebabs. Une bande de 700 km les sépare de la Somalie là où les islamistes sont très actifs. La population (en majorité des musulmans Somalis et Swahilis) de ces régions est très pauvre.
Elle est la proie facile des islamistes. « Depuis l’indépendance, le Kenya s’est construit sur le principe d’une division du pays avec d’un côté au nord les populations somalies-kenyanes et de l’autre le socle kenyan multiethnique, composé des Kikuyus et des Luos », analyse Benoît Hazard, Chercheur au Centre national de recherche scientifique (Cnrs). Longtemps négligées, ces zones sont devenues des pôles de radicalisation. Ces disparités laissent comprendre les dérives dans lesquelles ces régions peuvent facilement tomber. Chômage des jeunes, taux de scolarisation faible, infrastructures manquantes…sont entre autres, les situations dans lesquelles végètent ces populations.
Pour Benoît Hazard, l’exclusion « a laissé des traces » accentués par « la population kikuyu et plus largement multiethnique ». Des traces qui sont loin de se cicatriser malgré la découverte des ressources pétrolières et géomètres dans la région.
En rappel, le jeudi 02 mars dernier, un commando des islamistes Shebabs a pris en otage les étudiants de Garissa. Après avoir procédé au tri par le biais du Coran, les étudiants chrétiens sont séparés des musulmans puis sont abattus froidement. 142 ont été ainsi tués. Depuis l’attaque des suspects ont été arrêtés. Aux dernières nouvelles, l’armée kenyane mène des opérations visant à détruire les bases des islamistes Shebabs.
Anani GALLEY