Sous la direction du ministre kenyan de l'Éducation, Jacob Kaimenyi, les experts ont indiqué qu'il était impératif d'étayer par des documents cette langue vernaculaire.
"La mondialisation a entraîné l'adoption croissante de langues étrangères au dépens des langues indigènes", a déclaré lundi M. Kaimenyi à l'occasion du lancement du dictionnaire et de l'encyclopédie en langue Ekegusii.
Cet ouvrage a répertorié plus de 13.000 mots au cours des dix dernières années de recherche. L'Ekegusii est la langue de la communauté de l'ethnie Kisii, basée dans l'ouest du Kenya.
Le Kenya envisage actuellement l'application d'une politique qui imposerait l'usage des langues vernaculaires au cours des deux premières années de scolarité. Un pays multilingue sera un pays plus productif, a déclaré le ministre.
Gladys Kwamboka, co-auteur du dictionnaire Ekegusii, a déclaré que certaines langues vernaculaires du Kenya étaient en risque d' extinction faute de transmission intergénérationnelle.
Les langues indigènes devraient être parlées à la maison afin de rester vivantes, a-t-elle commenté.
"Pourtant, certains parents n'ont pas le temps ou l'envie de transmettre leur langue à leurs enfants", a déclaré Mme Kwamboka.
Une langue vernaculaire doit évoluer avec les technologies pour rester adaptée, a-t-elle dit.
"Cela permet à de nouveaux mots d'apparaître pour désigner les nouveaux produits qui apparaissent".
Le secrétaire général du Syndicat national des enseignants du Kenya, Wilson Sossion, a déclaré que la Constitution du pays encourageait la mise en valeur des cultures locales.
"Mais pour qu'une langue soit forte, les universitaires doivent la renforcer", a déclaré M. Sossion.
"Nous soutenons également cette politique qui imposera aux élèves d'apprendre leur langue maternelle pendant quelques années de scolarité", a déclaré le secrétaire général.
"Pourquoi vanter les autres langues alors que nous avons la nôtre ?" a-t-il dit.
Le Kenya compte 42 tribus différentes, chacune dotée d'un patrimoine culturel riche.
"C'est pourquoi nous appelons toutes les parties prenantes à chercher le meilleur moyen d'inclure les langues nationales dans le cursus scolaire", a-t-il dit.
Kennedy Bosire, également co-auteur du dictionnaire Ekegusii, a déclaré que les mariages interculturels avaient tendance à réduire l'utilisation des cultures indigènes.
"Cela augmente encore la nécessité de coucher ces cultures sur le papier pour pouvoir les retrouver", a-t-il dit, évoquant par ailleurs l'idée selon laquelle ces langues locales n'auraient pas de valeur en particularité sur le marché du travail.
"En conséquence, les personnes de moins de 45 ans ont du mal à parler la langue vernaculaire, et celles de moins de 20 ans ne parlent pas leur langue maternelle", a-t-il dit.
Le responsable de l'informations du Cabinet, Fred Matiang'i, a indiqué qu'il existe des matières limitées en linguistique africaine.
"Donc, le gouvernement appuie toutes les initiatives qui vont documenter les langues locales", a-t-il affirmé, "nous devons mettre en commun des ressources pour soutenir les chercheurs dans ces domaines".
Selon Matiang'i, la disparition d'une culture est présidée par le déclin de l'usage de sa langue.
L'ancien ministre kenyan de l'Éducation Professeur Sam Ongeri a déclaré que les cultures traditionnelles africaines ont ancré les normes sociétales.
"Ils contenaient des lignes directrices sur le rôle des hommes, des femmes et des enfants dans la société", a-t-il souligné.
M. Ongeri a noté que pour les langues autochtones survivent dans les temps modernes, ils ont besoin d'évoluer au fil du temps.
Le professeur Ratemo Micheki, vice-président de l' Université de l'agriculture et de la technologie Jomo Kenyatta, a déclaré qu'aucune communauté ne peut aller loin à moins qu'elle ne maintient sa culture.
Le directeur général du Bureau de la litéérature du Kenya, Eva Obara, a affirmé que les langues permettent d'identifier et de définir les cultures et que l'utilisation de la langue vernaculaire dans les premiers stades de la vie contribue à aiguiser les compétences linguistiques.
"Soyons fiers des langues que parlaient nos ancêtres", a déclaré Obara.