«Ideas Box», c’est une médiathèque en kit qui a la taille d’une table de salle à manger. Et quand on l’ouvre, on obtient un centre culturel d’une centaine de mètres carrés qui donne accès à l’Internet satellitaire ou 3G, mais également à une vingtaine de tablettes et d’ordinateurs, à un cinéma, à des livres, à des outils pour faire du théâtre, de la musique, pour créer . Cette médiathèque en kit peut être déployée sur tous les terrains ». C’est ainsi que Jérémy Lachal, directeur de Bibliothèque Sans Frontières présente son chef d’œuvre.
Donner de l’espoir aux populations vulnérables
Selon le concepteur, l’idée est née en 2010 en Haïti après le tremblement de terre. «Bibliothèques sans frontières s’est rendu compte que la dimension culturelle de la vie du refugié n’était pas prise en compte », explique Jérémy Lachal.
«En moyenne, un réfugié va passer dix-sept ans dans un camp. C’est toute une jeunesse pour des enfants, c’est tout un passage à la vie adulte pour des adolescents, et pour les adultes, toute une partie de sa vie adulte dans laquelle on ne va pas pouvoir sortir de ce camp, on ne va pas pouvoir travailler », fait remarquer le responsable de Bibliothèque Sans Frontières.
Le concepteur de «Ideas box» part du constat qu’en Jordanie ou au Liban, les réfugiés sont bien souvent contraints de rester dans des camps au milieu du désert, sans pouvoir sortir.
«Ce qui revient le plus souvent, de la part des enfants -et même des adultes- en Jordanie, c’est le sentiment d’être dans une sorte de prison à ciel ouvert. Quand on arrive dans un camp, on est protégé, nourri, pris en charge, logé. Mais on est également bloqué dans ce camp», relève Jérémy Lachal.
Et de poursuivre : «En Haïti, c’est différent, c’était des populations déplacées. Mais on retrouvait ce même besoin d’avoir un accès à une information validée, à Internet, pour se reconnecter avec sa famille, avoir aussi des endroits sécurisés pour les enfants».
Pour combler ce «vide social», l’association estime avoir réfléchi à un outil qui renforcerait l’éducation et la protection des enfants, dans ces situations de chaos et de traumatisme, et qui permettrait aussi de reconnecter les réfugiés au monde, notamment via Internet.
«L’Ideas Box apporte justement des clés à des gens qui sont complètement désespérés, dans ces situations d’enfermement total, l’Ideas Box remet du lien, redonne du sens et de l’espoir. Et c’est fondamental quand on est dans ces situations d’abandon total», fait savoir Jeremy Lachal.
Au delà du volet culturel, l’outil prend également en compte l’aspect psychologique du refugié. «L’Ideas Box permet également de travailler sur les notions de résilience : que faire face au traumatisme, comment se reconstruire, comment se projeter dans l’avenir quand on a tout perdu ?», informe le responsable de l’association.
Aujourd’hui, il y a une dizaine d’ «Ideas Box» déployées dans le monde, sur presque tous les continents, renseigne Jérémy Lachal, qui se réjouit de l’impact positif de cette bibliothèque ambulante.
«Au Burundi les réfugiés congolais originaires du Kivu, qui ont subi des violences très dures se sont appropriés l’outil pour créer à leur tour : certains font du slam, du théâtre, d’autres ont réalisé un film de zombie qui leur permet d’exorciser leur traumatisme de ce qui s’est passé de l’autre côté de la frontière. Cette bibliothèque, c’est effectivement un outil pour rêver, créer et imaginer les futurs possibles quand on a tout perdu», affirme ce dernier.
Bibliothèque Sans Frontière espère d’ici 2017, déployer environ 1.000 «Ideas Box»partout dans le monde et passer d’un mode de production complètement artisanal à la production massive des «Ideas Box» par mois.
Larissa AGBENOU