Jean-Louis Debré, Gaulliste, ex-Président du Parlement français et ami de plusieurs pays africains, disparaît à 80 ans

Afriquinfos Editeur
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Jean Louis Debré (DR-Twitter Europe 1)

Paris (© 2025 Afriquinfos)-Jean-Louis Debré est décédé, dans la nuit du lundi 3 au mardi 4 mars, à l’âge de 80 ans. Cette figure de la droite française avait été ministre de l’Intérieur de 1995 à 1997, président de l’Assemblée nationale de 2002 à 2007, puis membre du Conseil constitutionnel de 2007 à 2016.

La famille Jean-Louis Debré a annoncé la nouvelle à la chaîne de télévision LCI. Ce compagnon de route de l’ancien président Jacques Chirac était le fils de Michel Debré, résistant, proche du général de Gaulle et rédacteur de la constitution de la Cinquième République.

Il était également le frère jumeau de Bernard Debré, ancien ministre lui-même et ex-député de droite, mort à l’âge de 75 ans, en septembre 2020.

Né le 30 septembre 1944 à Toulouse, au sein d’une famille de la haute bourgeoisie, il était docteur en droit, ancien élève de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’École nationale de la magistrature.

Engagé en politique dans les traces de son père, Michel Debré, premier Premier ministre de Charles de Gaulle, il fut un fidèle de Jacques Chirac. Il adhéra dès 1976 au Rassemblement pour la République (RPR), parti fondé par ce dernier. Porte-parole de la campagne présidentielle de 1995, il fut nommé ministre de l’Intérieur sous le gouvernement d’Alain Juppé, poste qu’il occupa jusqu’en 1997. Il devint ensuite président de l’Assemblée nationale, fonction qu’il exerça de 2002 à 2007, avant de prendre la tête du Conseil constitutionnel de 2007 à 2016.

Ses relations avec l’Afrique

En janvier 2007, Jean-Louis Debré, effectuait une visite officielle de quatre jours en Algérie. C’était la première visite d’un président de l’Assemblée en Algérie depuis son indépendance en 1962. Accompagné de représentants de divers groupes politiques, Debré visait à signer un protocole de coopération parlementaire. À l’approche de la fin du mandat de Jacques Chirac, cette démarche cherchait à intensifier les relations franco-algériennes, malgré des tensions antérieures liées à la colonisation et à une loi française controversée. Debré a eu à rencontrer plusieurs responsables algériens, dont le président Bouteflika, portant un message du président français.

Lors de la réception de Thabo Mbeki, Président de l’Afrique du Sud, le 18 novembre 2003 à l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré a salué l’importance historique de la démocratie sud-africaine, célébrant le dixième anniversaire de son émergence après l’apartheid. Il a reconnu l’engagement de Mbeki dans cette transition et souligné la forte relation entre la France et l’Afrique du Sud, fondée sur des valeurs partagées comme les droits de l’homme et le multilatéralisme. Debré a également évoqué l’harmonie des positions des deux pays concernant des enjeux mondiaux tels que la crise irakienne, le terrorisme, et la nécessité d’une gouvernance mondiale pour affronter les défis contemporains. Il a conclu en affirmant l’amour de la France pour l’Afrique, riche de ses civilisations et de ses valeurs.

Ecrivain prolifique

Veuf, père de trois enfants, il a toujours aimé écrire: des romans policiers comme « Quand les brochets font courir les carpes » mais aussi un « Dictionnaire amoureux de la République » ou une galerie de femmes pionnières, « Ces femmes qui ont réveillé la France« , qu’il adapte au théâtre en montant sur les planches en 2021 avec sa nouvelle compagne Valérie Bochenek.

En privé, il montre aussi des talents de conteur et d’imitateur. Narrant avec délectation la haine inextinguible entre Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac, amenés en 2007 à siéger ensemble parmi les Sages.

Ces dernières années, l’homme, toujours à l’affût d’un bon mot, était devenu chroniqueur à la radio et à la télévision.

Hommages des figures politiques

Depuis l’annonce de son décès, les réactions de nombreuses personnalités politiques se multiplient. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a écrit sur X : « Présider l’Assemblée nationale, ‘ce lieu magique de la République’, fut pour Jean-Louis Debré ‘l’honneur d’une vie’ et ‘cinq ans de bonheur absolu’. Du prétoire au Perchoir, en passant par le gouvernement et la présidence du Conseil constitutionnel, il n’aura eu de cesse de protéger notre République et ses institutions. Nous perdons et pleurons un immense serviteur de l’État.« 

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a également rendu hommage à son prédécesseur en déclarant sur les réseaux sociaux : « Du ministère de l’Intérieur au Conseil constitutionnel, en passant par la présidence de l’Assemblée nationale, ce grand connaisseur et serviteur de nos institutions aura marqué de ses convictions gaullistes la vie politique française.« 

V.A.