Dakar (© 2020 Afriquinfos) – Nombre de personnes continuent par rendre hommage au saxophoniste et chanteur camerounais Manu Dibango, décédé mardi à l’âge de 86 ans. Pour le musicien sénégalais, Idrissa Diop, le saxophoniste était ‘’ le père spirituel’’ de nombreux musiciens africains.
Manu Dibango était ‘’un homme ouvert, le père spirituel de tous les musiciens africains qui étaient en France’’, a dit Idrissa Diop
Le chanteur sénégalais rappelle avoir collaboré avec ‘’ce baobab de la musique africaine’’ pendant ‘’plus de trente ans’’.
Ils ont entamé leur collaboration à la suite de leur première rencontre, à l’occasion d’un concert, en 1974, à Dakar, selon Diop.
‘’Je ne sais pas quoi dire, je suis très touché par cette perte. J’ai beaucoup travaillé avec Manu Dibango, on a partagé des plateaux et des scènes, à l’émission musicale ‘Salut Manu’, dont il était le présentateur, sur France 3, dans les années 80’’, se souvient l’interprète de ‘’Time for Africa’’.
Idrissa Diop rappelle avoir choisi Manu Dibango pour le parrainage de la célébration du 50e anniversaire de sa carrière, pour lequel une tournée internationale avait été prévue entre le 15 mars et juin prochain, avant d’être reportée en raison de la pandémie de coronavirus.
‘’On a travaillé sur beaucoup de projets, notamment la libération de Fela Kuti (musicien nigérian emprisonné dans son pays, décédé en 1997), ‘Tam-tam pour l’Ethiopie’, un programme lancé en 1984 contre la faim dans ce pays’’, rappelle Diop.
Selon lui, le saxophoniste camerounais a travaillé avec beaucoup d’autres artistes africains, dont le chanteur malien Salif Keïta, les membres du Touré Kunda, un groupe musical sénégalais, le musicien guinéen Mory Kanté, le Sénégalais Youssou N’Dour, le guitariste et pianiste congolais Ray Lema.
Idrissa Diop se souvient de Manu Dibango
‘’L’homme au rire contagieux et au sourire légendaire’’ était ‘’profondément bon’’, se souvient Idrissa Diop.
Le chanteur sénégalais parle aussi des mémorables anecdotes qu’aimait raconter Manu Dibango, en raison desquelles il le surnommait ‘’Le grand blagueur’’.
‘’Il disait souvent qu’en venant en France, ses parents lui avaient remis trois kilos de café à emporter. Il avait voyagé en bateau, car il ne trouvait pas d’avion à cette époque-là. Et avec ce café, il a fait le bonheur de ceux qui l’avaient hébergé chez eux’’, raconte Diop.
Ismaël Lô, son compatriote et confrère, a également été attristé par le décès de son ‘’cher ami et grand frère Manu Dibango’’, un musicien ‘’hors du commun’’.
‘’Avec son saxo, il s’est produit sur toutes les grandes et prestigieuses scènes du monde’’, se souvient Lô.
‘’Manu appréciait énormément ma musique et ma modeste personne. Chaque fois qu’il était à Dakar, il ne manquait jamais de me rendre visite à mon domicile, toujours accompagné de feu Mamadou Konté, qui fut son manager’’, a dit Ismaël Lô à l’APS.
‘’Je n’oublierais jamais la surprise qu’il m’a faite en plein concert à l’Olympia de Paris, en 2006’’, se rappelle l’interprète de ‘’Tajabone’’.
‘’L’Afrique perd encore un de ses dignes fils’’, a-t-il ajouté.
De nombreux artistes africains et d’autres régions du monde ont rendu hommage au musicien camerounais, à travers les médias et les réseaux sociaux.
‘’Il a soutenu tous les combats pour le respect des droits de l’homme, ceux des noirs, ceux des artistes’’, a témoigné l’ancien député européen Fodé Sylla, qui a dirigé l’association française SOS Racisme de 1992 à 1999.
Né le 12 décembre 1933 à Douala, Emmanueln N’Djoké Dibango, de son vrai nom, a mené une intense carrière musicale, qui a duré plus de soixante ans. Il est décédé à Paris des suites de la maladie à coronavirus.
Ne ratez pas de nouvelles sur le Coronavirus
https://afriquinfos.com/afrique-australe-sud/covid-19-ces-etats-africains-dans-lesquels-le-confinement-est-deja-effectif/
https://afriquinfos.com/afrique-de-lest/afrique-la-zone-de-libre-echange-pourrait/
https://afriquinfos.com/afrique-centrale/rwanda-un-chanteur-dissident-rwandais-retrouve-mort-dans-sa-cellule/