« Tout est fait » pour que des élections présidentielle et législatives se tiennent en Guinée « en décembre 2025 », a défendu ce 13 mai 2025 le Premier ministre de ce pays, alors que les militaires au pouvoir se sont engagés début janvier 2025 à un retour à l’ordre constitutionnel cette année en cours.
« On n’a pas arrêté de date, mais tout est fait pour que ça se tienne à la fin de l’année, en décembre », a détaillé le Premier ministre civil, Amadou Oury Bah, joint par téléphone. « Tout le monde est mobilisé pour l’enrôlement (électoral) un peu partout, aussi bien à l’intérieur du pays que dans la capitale, parce que c’est cela qui sera décisif. C’est par ce biais là que le fichier électoral sera constitué », a ajouté M. Bah.
Sous pression internationale, la Transition du général Mamadi Doumbouya, qui a pris le pouvoir par un coup d’Etat en septembre 2021, s’était initialement engagée à organiser un référendum constitutionnel et à transférer le pouvoir à des civils élus avant fin 2024, mais ces échéances n’ont pas été respectées. Le général Doumbouya avait promis dans ses voeux du Nouvel An que 2025 serait une « année électorale cruciale pour parachever le retour à l’ordre constitutionnel« .
Le pouvoir de Transition a en outre annoncé la tenue d’un référendum constitutionnel le 21 septembre prochain. Plusieurs personnalités du pouvoir en Guinée ont fait publiquement part ces derniers mois de leur soutien à une candidature du général Mamadi Doumbouya, malgré sa promesse initiale de ne pas se présenter à une future présidentielle.
– Opposants portés disparus –
La « Charte de Transition » établie par la junte peu après le coup d’Etat impose qu’aucun membre de la junte, du Gouvernement et responsable des institutions républicaines ne se présente aux élections. L’adoption d’une nouvelle Constitution pourrait faire sauter ce verrou. L’opposition et la Société civile guinéennes critiquent par ailleurs l’exercice de plus en plus autoritaire du pouvoir par la Transition, régulièrement accusée de réprimer les voix dissidentes.
La junte a fait arrêter, mis en cause ou contraint à l’exil de nombreux opposants. Elle a interdit les manifestations, dissous un collectif qui réclame le retour des civils au pouvoir et retiré leur agrément à certains des principaux médias privés. Fin février 2025, un cadre de l’opposition à la Transition, Abdoul Sacko, a été enlevé chez lui puis retrouvé le lendemain après avoir subi des tortures, selon ses avocats. Il a du être évacué à l’étranger pour des soins.
Deux opposants qui réclament un retour des civils au pouvoir, Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah, sont portés disparus depuis juillet 2024. Un journaliste d’investigation critique de la junte, Habib Marouane Camara, est de son côté porté disparu depuis début décembre 2024. La répression de manifestations non autorisées a causé la mort de dizaines de personnes, selon des défenseurs des droits humains et de la Société civile. Les autorités ont suspendu en mars 2025 deux des principaux partis politiques du pays, dont celui de l’ex-Président Alpha Condé renversé en 2021, et a dissous 27 autres mouvements.
Depuis son indépendance de la France en septembre 1958, la Guinée a connu plusieurs régimes dictatoriaux qui n’ont pas réussi à enrayer la grande pauvreté de ses habitants, malgré les énormes et multiples richesses que recèle le sous-sol de ce pays ouest-africain.
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