Nafissatou Diallo s’est exprimée pour la première fois publiquement. Dans un entretien qui a duré près de trois heures, elle a donné sa version des faits qui ont eu lieu le 14 mai.
La guinéenne a décidé de briser le silence, après que sa crédibilité eut été remise en question par les procureurs, qui l’accusaient d’avoir menti sur son passé et d’avoir changé son témoignage. La chaîne américaine ABC a diffusé hier un extrait de l’interview, dont la totalité est apparue dans le magazine Newsweek.
"Je n'ai jamais voulu parler publiquement, mais je n'ai pas le choix…Je dois le faire, pour moi. Je dois dire la vérité. Je veux que justice soit faite, je veux qu'il aille en prison. Je veux qu'il sache qu'il existe des endroits où vous ne pouvez pas vous servir de votre fric, de votre pouvoir quand vous faites un truc pareil" explique-t-elle.
Voici sa version des faits: Diallo est rentrée dans la suite 2806 pour la nettoyer vers midi. "Bonjour, femme de chambre" a-t-elle dit en s’introduisant dans la chambre. À ce moment-là, Strauss-Kahn est apparu complètement nu. Elle s’est excusée et DSK lui a dit "Ne vous excusez pas". Selon le témoignage de la guinéenne, c’est à ce moment-là que la tentative de viol débute. Il a commencé par lui attraper la poitrine et a fermé violement la porte de la suite pour ensuite l’amener vers la chambre et la tirer sur le lit tout en lui disant "tu es très belle".
Il a alors essayé de lui introduire son pénis dans la bouche, pendant qu’elle se débattait en tournant la tête et en serrant les dents. Elle l’a ensuite poussé et a réussi à se lever. "Regardez, il y a mon chef qui est là" lui a-t-elle dit en essayant de l’effrayer, mais DSK lui a répondu qu'il n'y avait personne.
Il l’a ensuite entraînée vers les toilettes et s’est à nouveau rué sur elle. Il a remonté son uniforme et a déchiré son collant pour pouvoir toucher son sexe. Selon le récit de Diallo, Strauss-Kahn l’a alors forcée à se mettre à genoux et l’a obligé à lui faire une fellation.
"Il me tenait la tête très fort là, "il bougeait et faisait du bruit. Il faisait 'uhh, uhh, uhh'", il m'a dit "suce mon- je ne peux pas le dire. Je me suis relevée, je crachais, j'ai couru, je me suis enfuie sans regarder en arrière, j'ai couru dans le couloir, j'étais tellement nerveuse, tellement effrayée, je ne voulais pas perdre mon job." a-t-elle-expliqué.
La violente rencontre aurait duré près de 9 minutes. Elle a réussi à s’enfuir, et s’est cachée dans un coin. Elle a alors aperçu DSK sortir de la chambre "Il m'a regardée […] Il n'a rien dit.". Elle a ensuite appelé la police, assistée par le superviseur à qui elle a raconté les faits.
Selon Newsweek, les procureurs détiendraient des preuves qui démontrent que DSK aurait fait des propositions indécentes à une des réceptionnistes du Sofitel et ont identifié la femme qui est rentrée à 1h26 du matin avec lui dans l’ascenseur de l’hôtel.
Les avocats de DSK assurent que Diallo a donné deux versions différentes des événements. Elle aurait d’abord dit qu’elle était restée dans le couloir en train de pleurer, pour finalement se rétracter et expliquer qu’elle a tenté de garder son sang-froid et a voulu continuer avec ses labeurs. Elle serait donc rentrée dans la suite 2820, pour revenir plus tard dans celle de Strauss Kahn.
La supposée victime maintient n’avoir jamais menti aux procureurs.
Nafissatou Diallo, âgée de 32 ans, est arrivée à New York en 2003. Avant son départ vers les États-Unis, son mari et une de ses filles sont morts en Guinée. Elle a déposé une demande d’asile politique aux autorités américaines. Elle aurait été violée, en 2001, par deux hommes militaires. Avant d’être femme de chambre au Sofitel, elle a travaillé comme coiffeuse dans le Bronx.
Afriquinfos