Biarritz (© 2019 Afriquinfos)- L’une des décisions prise au sommet du G7 en faveur de l’Afrique est celle selon laquelle Paris et Berlin ont promis un soutien plus important au G5 Sahel, ainsi que l’appel à un nouveau partenariat « élargi » aux pays voisins de la région, a laissé entendre le président Français Emmanuel Macron, pour lutter contre « l’extension de la menace terroriste au Sahel ».
Pour M. Macron et Angela Merkel qui reconnaissent que beaucoup de pays de la Cédéao sont touchés de près ou de loin par l’instabilité au Sahel, il est crucial de mieux armer et de mieux former les militaires et policiers de la région. Aussi, ont expliqué les deux dirigeants qu’il fallait épauler les pays de toute la région.
Il faut redéfinir le « périmètre de sécurité », a indiqué le dirigeant français En clair, la France et l’Allemagne souhaitent associer les pays du Golfe de Guinée, notamment le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Ghana, aux efforts du G5 Sahel.
La force de l’initiative prise aujourd’hui c’est qu’elle élargit le périmètre de sécurité compte tenu de l’évolution terroriste, et en particulier, elle permet de réengager dans l’aspect sécuritaire les membres de la Cédéao.
Pour l’heure, des édifications manquent sur les raisons de cette main tendue aux pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest. Mais la décision finale sur le sujet sera connue lors d’une rencontre franco-allemande qui se tiendra avant la fin de l’année. Cependant un sommet de la Cédéao qui doit avoir lieu à la mi-septembre à Ouagadougou doit lui se pencher sur la création d’une large coalition militaire englobant les Etats du G5 et quelques-uns de leurs voisins.
Mais pour l’heure Mme Merkel est quasiment contre le fait d’envoyer plus de soldats dans la région. Environ 200 militaires allemands soutiennent déjà la mission des Nations unies au Mali. Pour l’instant, Paris et Berlin cherchent encore à convaincre d’autres bailleurs de fonds et pas seulement au sein du G7 à s’engager en faveur de ce nouveau partenariat pour le Sahel.
Mahamadou Sawadogo, chercheur spécialiste des questions de sécurité au Burkina, estime de son côté que le G5 est arrivé à un tournant de son fonctionnement. Et ces changements sont « inévitables ».
« C’est nécessaire qu’on prenne en compte les pays côtiers qui sont déjà infectés. C’est une obligation pour les membres du G5, sinon la lutte ne peut pas être totale. Je suis convaincu que le G5 Sahel, dans sa formule actuelle, va devoir muter sous une autre forme ou bien disparaître. Dès la conception du G5, nous, les chercheurs, nous avons critiqué le fait que ce soit fermé alors que la menace est mutante et mouvante. La complexité est là. »
Une question sur laquelle « joue un peu Emmanuel Macron pour essayer de voir quelle est la solution la plus plausible pour ne pas perdre la face en supprimant le G5 et en même temps se servir du G5 pour aider les pays qui sont en train d’être envahis par les groupes terroristes, c’est-à-dire les pays côtiers », analyse analyse Mahamadou Sawadogo, « Je pense que c’est une formule qu’ils sont en train de chercher, poursuit le chercheur. Mais en réalité, ce sont des pays qui vont être englobés par le G5. »
V.A.