En dépit de l’attaque qu’il a subie, l’hebdomadaire Charlie Hebdo ne compte pas s’arrêter. « On va continuer, on a décidé de sortir la semaine prochaine. On est tous d’accord» a annoncé Patrick Pelloux,gérant de l'entreprise Misr ce jeudi 8 janvier. Le signal a donc été donné, l’histoire de Charlie Hebdo ne va pas s’arrêter après l’attentat de mercredi qui avait causé la mort de douze personnes, dont cinq dessinateurs de l’hebdomadaire. Le chroniqueur à Charlie Hebdo avait seulement survécu à l’attentat au moment de la conférence de rédaction, parce qu’il était retenu à un autre rendez-vous en tant que médecin urgentiste.
Ce tirage apparait comme une riposte aux terroristes qui avaient crié « on a tué Charlie Hebdo » après leur acte meurtrier. Un tirage rendu possible grâce à une mobilisation de l’ensemble des médias français dont France Médias Monde avec RFI et France 24 pour aider Charlie Hebdo. Le journal satirique trouvera refuge dès vendredi matin dans les locaux de Libération, a signalé à l’AFP Laurent Joffrin, le patron du quotidien.
D’autres medias n’ont également pas hésité à mettre la main à la pâte pour aider Charlie Hebdo.
«Les tueurs sont partis en disant ‘On a tué Charlie Hebdo’. Pour nous, il est important de montrer justement le contraire et de montrer que Charlie Hebdoest toujours vivant et vivra », a déclaré Louis Dreyfus, directeur du groupe le Monde, l’un des acteurs à l’origine de l’initiative de cette offre de soutien au micro de RFI.
«On souhaite que les tueurs ne puissent jamais avoir l’impression d’avoir réussi à éteindre une voix parmi les voix importantes de la presse française. Aujourd’hui,Charlie Hebdoest un martyr de la République», a-t-il ajouté comme pour justifier son engagement.
Un numéro spécial
Limité à 8 pages au lieu de 16 habituellement, le tirage prévu pour ce numéro spécial est d’un million d’exemplaires. Un record face au nombre dérisoire de tirage de l’hebdomadaire ces derniers temps.
Loin de sa notoriété dans les médias et dans l’opinion publique, le journal se vendait de plus en plus difficilement et risquait même la faillite ces dernières années. Quelques temps avant l’attaque qui lui a coûté la vie, Charb, le directeur de Charlie Hebdo confiait que son journal n’arrivait plus à atteindre la vente de 35 000 exemplaires pour arriver à l’équilibre financier. Un appel aux dons, lancé en novembre dernier, n’avait pas produit le résultat espéré, seulement quelques dizaines de milliers d’euros avaient renfloué les caisses vides du journal.
Après l’attentat dont le journal a été victime, les propositions d’aide financière, de matériel ou d’achat d’abonnements se multiplient à son endroit, à l’instar de la Banque publique d’investissement Bpifrance qui s’est engagée à commander 50 abonnements pour ses 42 directions régionales et son siège.
Par ailleurs, la distribution, guidée par les Messageries Lyonnaises de Presse, a décidé de verser intégralement les 50 pour cent du prix de vente du dernier numéro, déjà épuisé, directement à Charlie Hebdo et aux victimes.
Pour Richard Malka, l’avocat qui a défendu Charlie Hebdo dans tous les procès « ce prochain numéro, c’est le meilleur moyen de rendre hommage aux morts et de signifier qu’ils ne nous ont pas tués».
A. Lamy