Le Swaziland, petit pays à l’est de l’Afrique du Sud, a toujours été connu pour son profond conservatisme. D’autres palmarès le rendent tristement célèbre : sa population dont 39% sont atteints du VIH, le taux le plus élevé du monde, ou encore son taux de chômage de 40%.
Et son roi, aussi. Mswati III, 45 ans, au pouvoir depuis qu’il a 14 ans, est le dernier monarque absolu d’Afrique, dont l’ample famille royale (14 épouses et 24 enfants) pioche allègrement dans le trésor public alors que le pays est l’un des plus pauvres au monde.
Durant tout son règne, il s’est toujours farouchement opposé à la moindre once de démocratie. Jusqu’à aujourd’hui. Car aujourd’hui commence une nouvelle ère, celle de la monarchie démocratique.
Comme le souverain l’explique lui-même dans une interview, il s’agit du « mariage entre la monarchie traditionnelle et les urnes de vote, marchant main dans la main sur fond de monarchie ».
Monarchique, ou démocratique ?
La citation est évocatrice : monarchie et urnes, mais monarchie quand même. Et pour beaucoup, cette démocratisation n’est que de la poudre aux yeux. Car au fond, rien n’a changé, et les réformes tant espérées n’apparaissent pas à l’horizon.
De vraies réformes, il en faudrait pourtant pour éviter la catastrophe économique vers laquelle se dirige tout droit le Swaziland s’il ne change pas de cap. Son voisin, l’Afrique du Sud, n’est pas pressé d’intervenir ; quant à l’Union Européenne, ses liens diplomatiques avec le pays commencent à peine à se mettre en place ; la pression extérieure n’est donc pas encore très forte.
Mswati III initiera-t-il les réformes qui semblent s’imposer ? Les élections d’aujourd’hui en sont un premier geste; mais un geste qui sonne bien faux, de la part d’un monarque qui n’a pas du tout l’intention de céder son trône de sitôt.