Si Mark Zuckerberg était une nouvelle Mère Theresa, ça se saurait. Et pourtant, il est arrivé mardi avec un projet d’envergure mondiale : connecter le monde entier à Internet, en particulier les régions du monde où la pauvreté empêche bien souvent l’accès au web. Il est question, en premier lieu, de l’Afrique et de l’Asie.
« Aujourd’hui, seulement 2,7 milliards de personnes – à peine plus d’un tiers de la population mondiale – ont accès à internet. Encore plus surprenant, l’adoption d’internet croît de moins de 9% par an, ce qui est peu dans la mesure où il n’en est qu’aux débuts de son développement », explique le communiqué de presse.
C’est pourquoi Facebook, avec six autres géants des hautes technologies comme Mediatek, Samsung ou Nokia, se lance dans ce qu’ils ont appelé Internet.org. Le projet met en avant trois axes principaux : rendre l’accès à internet financièrement plus abordable, faciliter la circulation des données en en réduisant le volume superflu et apporter une aide aux nouvelles entreprises en simplifiant leur accès au web.
Douce philanthropie ou pragmatisme acéré ?
Le communiqué de Facebook parle à foison d’aide et de soutien, faisant état d’une sensibilité à toute épreuve. « L’injuste réalité économique est que ceux qui sont déjà sur Facebook ont beaucoup plus d’argent que le reste du monde dans son ensemble, il ne sera donc probablement pas rentable pour nous de desservir les quelques autres milliards pendant un bon moment, si ce n’est jamais. Mais nous croyons que tout le monde a le droit d’être connecté ».
Une déclaration explicitement désintéressée. Trop touchant pour être vrai ? Il est pourtant possible de dégager plusieurs points sur lesquels Facebook gagne à se lancer dans cette croisade colossale.
D’abord, la croissance exponentielle de l’Afrique vient contredire l’argument avancé par Zuckerberg – que les zones pauvres ne présentent aucune perspective de rentabilité. C’est également le cas pour les régions pauvres d’Asie, en pleine émergence économique.
De plus, étendre internet, c’est accroître les dimensions de Facebook dans des proportions gigantesques. Or, le leader des réseaux sociaux commence à se sentir trop à l’étroit en Occident, sans plus de marge de progression. Et ce qui arrête d’avancer finit un jour par reculer.
Enfin, comme le souligne le New York Times, en prenant la tête du projet, Facebook gagne une casquette : celle de leader industriel à échelle internationale. Une position qui ne peut être qu’avantageuse dans son combat de toujours contre Google.
Dans tous les cas, altruiste ou égoïste, Mark Zuckerberg ferait un beau cadeau à l’Afrique s’il parvenait à ses fins. En effet, Internet.org a tout l’air d’un projet gagnant-gagnant…