Addis-Abeba (© 2025 Afriquinfos)- Les dirigeants africains ont nommé ce 16 février 2025, un nouveau président African Leaders Malaria Alliance (ALMA), le Président Duma Gideon Boko du Botswana, qui succède au Président Umaro Sissoco Embaló de Guinée-Bissau, et s’engagent à changer la donne en matière de paludisme ainsi qu’à exiger une forte impulsion pour parvenir à éliminer le paludisme, y compris en reconstituant entièrement le Fonds mondial.
Au terme de son mandat à la présidence d’ALMA, après plus de deux ans à mener la lutte contre le paludisme sur le continent, le Président Umaro Sissoco Embaló de Guinée-Bissau a officiellement passé le relais au Président Duma Gideon Boko, qui s’est engagé à continuer à faire avancer le programme d’élimination du paludisme tout en soulignant l’importance d’accorder la priorité à des ressources accrues dans tous les domaines afin de prévenir une résurgence catastrophique et de revenir sur le chemin de l’élimination du paludisme.
Dans le contexte du Rapport 2024 sur les progrès de la lutte contre le paludisme en Afrique, qui révèle une stagnation des progrès ainsi que des menaces croissantes pour l’élimination du paludisme sur tout le continent, les chefs d’État et de gouvernement réunis au sommet de l’Union africaine se sont engagés à mobiliser les ressources nationales et à intensifier le financement intégré et innovant. Les dirigeants ont également exhorté les partenaires mondiaux à renouveler leur engagement dans la lutte contre le paludisme par la reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Alors qu’un nouveau président est nommé à la tête d’ALMA, les dirigeants africains ont souligné la nécessité d’une réponse unifiée et décisive. Cet appel à l’action a été soutenu par le lancement d’une nouvelle étape de la campagne « Changez l’histoire », qui amplifie les récits d’enfants quant à l’impact du paludisme sur leur vie.
La « convergence de défis sans précédent » menace d’anéantir des décennies de progrès
Publié à l’occasion du Sommet, le Rapport 2024 sur les progrès de la lutte contre le paludisme en Afrique décrit que nous traversons un moment décisif dans la lutte contre le paludisme en Afrique, montrant que les progrès continuent de stagner, mettant en péril l’objectif ambitieux de l’Afrique d’éliminer le paludisme d’ici à 2030. Le rapport avertit que l’élimination du paludisme en Afrique est confrontée à de graves menaces, notamment l’insuffisance des ressources, la croissance démographique rapide, le changement climatique, la résistance biologique — y compris la résistance aux insecticides et aux médicaments — et les effets dévastateurs des crises humanitaires. L’ensemble de ces facteurs crée une « convergence de défis sans précédent » qui menace d’anéantir des décennies de progrès et rend la lutte contre le paludisme plus difficile. Les dirigeants ont souligné que pour sortir le continent de cette situation, il faudra intensifier la mobilisation des ressources, notamment grâce à des financements innovants, à la mobilisation des ressources nationales ainsi qu’à l’introduction et au développement rapides de nouvelles interventions et de nouveaux produits.
« L’Afrique doit d’urgence relever le défi en mobilisant des ressources nationales, notamment en puisant dans nos fonds d’urgence et en augmentant nos allocations budgétaires en faveur de la santé. Nous devons également intensifier les financements innovants, notamment par l’intermédiaire des conseils et des fonds de lutte contre le paludisme, et tirer parti de plateformes telles que l’AID de la Banque mondiale et le Fonds vert pour le climat afin de garantir que nos programmes nationaux sont pleinement équipés pour faire avancer la lutte contre le paludisme. » a déclaré le Président Duma Gideon Boko.
Des progrès durables sont possibles avec un engagement total
« La lutte contre le paludisme est un pionnier du renforcement des systèmes de santé, des soins de santé primaires et de la préparation aux pandémies ; il illustre la nécessité urgente de lutter contre les effets du changement climatique sur la santé. C’est pourquoi nous devons garantir des ressources suffisantes pour lutter contre le paludisme, le VIH et la tuberculose et renforcer les systèmes de santé, en particulier lors de la prochaine reconstitution des ressources du Fonds mondial », a déclaré l’ambassadrice Minata Samate Cessouma, commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social de la Commission de l’Union africaine.
Le Fonds mondial est la principale source de financement de la lutte contre le paludisme, puisqu’il fournit 62 % de l’ensemble du financement international des programmes de lutte contre le paludisme. Il est donc essentiel que la reconstitution des ressources du Fonds mondial soit couronnée de succès cette année.
Selon le rapport 2024 sur les progrès du paludisme en Afrique, l’incidence du paludisme a diminué de 38 % et la mortalité de 60 % depuis 2000, ce qui a permis d’éviter 1,8 milliard de cas et de sauver 11,9 million de vies en Afrique au cours des deux dernières décennies. Ces progrès montrent qu’en dépit des défis pressants, il est possible de réaliser des progrès durables dans la lutte contre le paludisme en s’engageant pleinement. Dans son allocution, S.E. le Président Umaro Sissoco Embaló a rappelé aux dirigeants, aux décideurs politiques et aux partenaires qu’il était impératif d’agir maintenant et de soutenir une action d’envergure. Il est temps d’accélérer l’élimination du paludisme sur le continent.
Afriquinfos