Embouteillages monstres à Bujumbura

Afriquinfos Editeur
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« Que c'est dur de circuler dans le centre-ville aux heures de pointe ! Impensable, il y a encore quelques années », se lamente Gabriel, un chauffeur de taxi. « Si rien n'est fait d'ici cinq ans, il y aura même des bouchons sur les grandes artères », ajoute Eustache Ntagahoraho, le commandant de la Police spéciale de roulage (PSR).

Les chiffres se passent de commentaires : en 2007, le parc automobile burundais était estimé à 23 352. Cinq ans après, il est passé à 60 000, dont plus de la moitié pour la capitale. « Tout cela pour 462 km de voies », souligne Emmanuel Nsengiyumva, le président de l’Association pour la sécurité routière et l’assistance aux victimes de la route, qui a mené une enquête sur le sujet.

Deux raisons expliquent la soudaine hausse du nombre de voitures. En premier lieu, l'agrandissement de la capitale, avec de nouveaux quartiers dans sa périphérie, ce qui pousse les banlieusards à emprunter leurs véhicules pour rejoindre le centre-ville, où sont concentrés les bureaux, les magasins et le marché central.  Résultat : dans la perspective de faciliter la mobilité des travailleurs urbains, les compagnies de bus privés ont fleuri. Le nombre des parkings pour bus est passé de trois à sept. 

Par ailleurs, la conception de la voiture a changé dans la société burundaise, note le patron de la PSR : « Il y a une dizaine d'années, la priorité des jeunes couples était d'avoir une parcelle où construire sa maison. Aujourd’hui, ils préfèrent louer un appartement et s’acheter une voiture, qui est par ailleurs un signe extérieur d’aisance. »

Sur les 60 000 véhicules circulant dans le pays, 56 000 appartiennent à des particuliers, le reste faisant partie du parc automobile de l'État ou appartenant à des organismes internationaux ou des missions diplomatiques. En même temps, le nombre d'accidents de la circulation a augmenté, passant de 49 personnes tuées en 2000 à 257, dix ans plus tard. L’incivisme, le non respect du code de la route, le mauvais état des véhicules sont en cause.

Sur ce dernier point, les résultats de la dernière saisie de la PSR font peur : "Sur 138 véhicules de transport en commun réquisitionnés ce 14 avril, 80 bus n’avaient plus de réservoirs à essence. Ces derniers avaient été remplacés par des bidons en plastique reliés au moteur par des tuyaux. Au moindre choc, le véhicule partait en fumée, les passagers avec…"