Kinshasa (© Afriquinfos 2017)-L’enclavement de la zone du Nord-Est de la République démocratique du Congo touchée par Ebola, constitue une barrière naturelle limitant la progression de la maladie, lourdement contagieuse.
Les autorités congolaises ont annoncé vendredi que le pays faisait face à sa huitième épidémie d’Ebola depuis la découverte de ce virus sur son sol en 1976. La maladie a été détectée dans la province du Bas-Uélé, à environ 1.300 km au nord-est de Kinshasa, dans la zone de santé de Likati, zone perdue en pleine forêt équatoriale.
Neuf cas suspects de personnes infectées par le virus ont déjà été signalés. Trois d’entre elles sont mortes, et la présence du virus Ebola (souche Zaïre) a été détectée dans l’un des cinq échantillons sanguins prélevés sur les patients soupçonnés d’avoir contracté cette maladie, associée à un taux de mortalité élevé chez les personnes qu’elle touche.
Grande comme près de cinq fois la France, la RDC est un des pays les moins développés au monde et manque cruellement d’infrastructures.
S’il est relativement facile d’acheminer de l’aide par avion jusqu’à Kisangani, la grande ville du Nord-Est du pays, sur le fleuve Congo, puis de là par la route jusqu’à Buta, la capitale du Bas-Uélé, « après ça se complique », explique à l’AFP Régis Billaudel, chef de mission de l’ONG d’aide médicale Alima en RDC.
« On va étudier plusieurs possibilités d’accès » pour couvrir la distance d’environ 150 km séparant Buta de Likati, en combinant « pirogue ou bateau rapide » le long de l’Itimbiri, affluent du Congo, et deux-roues, ajoute M. Billaudel, alors qu’une équipe d’Alima est déjà en route.
Pas question en effet d’envisager un transport en voiture : « Les 4×4 ne passent pas » sur les pistes forestières locales, trop étroites, convient Eugène Kabambi, chargé de communication de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en RDC.
« Amener du matériel lourd dans toutes ces zones, c’est un énorme challenge », dit M. Billaudel : là-bas, « c’est le monde de la moto, du vélo, du brancard ». Rien d’impossible cependant à ses yeux quand on sait les chargements improbables juchés sur des bicyclettes hors d’âge que les habitants des zones reculées du Congo sont capables de transporter sur des kilomètres et des kilomètres.
49 morts en 2014
Circonscrite en moins de trois mois, la précédente épidémie d’Ebola au Congo, qui s’était déclarée dans une zone enclavée du Nord-Ouest du pays en 2014, avait officiellement fait 49 morts.
Rappelant que la RDC avait déjà fait face à sept épidémies de fièvre hémorragique à virus Ebola et que le pays avait acquis une expertise certaine dans la riposte contre cette maladie, les autorités congolaises ont appelé la population à « ne pas paniquer ».
Samedi, l’OMS a félicité Kinshasa pour la rapidité avec laquelle elle avait réagi face à la réapparition de la maladie et a émis l’espoir que l’épidémie sera « très rapidement » contrôlée.
Vignikpo Akpéné
Ebola en RDC: les défis et chances d’un lointain enclavement
