Dossier expulsion d’Afrikaners: Pretoria a recadré sèchement Washington ce 12 mai

Afriquinfos Editeur
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Des Sud-Africains blancs manifestent en soutien au Président américain Donald Trump, le 15 février 2025 devant l'ambassade américaine à Pretoria.

Le Gouvernement sud-africain a contesté ce 12 mai 2025 toute « persécution » de la cinquantaine  d’Afrikaners qui ont quitté leur pays et doivent être accueillis dans la journée aux Etats-Unis comme des réfugiés à l’invitation de Donald John Trump.

Un groupe de 49 Afrikaners, descendants des premiers colons européens à la pointe de l’Afrique, doit atterrir sur le sol américain après un décret de Donald Trump qui les prétend dépossédés de leurs terres et victimes de « génocide ». « Ils ne peuvent fournir aucune preuve de persécution, car il n’existe aucune forme de persécution à l’encontre des Sud-Africains blancs ou des Afrikaners », a balayé le chef de la diplomatie sud-africaine Ronald Lamola, lors d’une conférence de presse à Pretoria. Pas plus qu’ils ne remplissent les « conditions pour bénéficier » du statut de réfugié, a-t-il ajouté.

Donald Trump (Dr-CNN)

La nouvelle Administration américaine cible particulièrement depuis des mois l’Afrique du Sud, dont est originaire Elon Musk, membre du premier cercle de Donald Trump. Parmi les principaux griefs, cité nommément par le Président américain dans son décret coupant toute aide à Pretoria, figure la plainte pour génocide visant Israël pour ses bombardements de Gaza, que l’Afrique du Sud a déposée devant la Cour internationale de justice.

« Les rapports de Police, ne confirment pas l’allégation de persécution des Sud-Africains blancs sur la base de leur race », a insisté Ronald Lamola. « La criminalité que nous connaissons en Afrique du Sud touche tout le monde ». Le groupe identitaire afrikaner, AfriForum, avait recensé 49 meurtres de fermiers en 2023 et 50 l’année précédente. Un chiffre à comparer avec les 75 meurtres enregistrés par jour en moyenne en Afrique du Sud, qui affiche l’un des taux d’homicide les plus élevés de la planète.

« Les Blancs sont victimes de crimes, comme tout le monde en Afrique du Sud, mais y a-t-il des Blancs spécifiquement visés? Absolument aucun », balaie Loren Landau, à la tête de l’Observatoire des violences xénophobes Xenowatch. « À l’inverse, les étrangers sont pris pour cible par des personnes qui leur font clairement comprendre qu’elles veulent que les Somaliens, les Pakistanais ou les Zimbabwéens quittent le pays », rappelle ce spécialiste des migrations à l’Université du Witswatersrand.

Les Présidents ukrainiens Volodymyr Zelensky et sud-africain Cyril Ramaphosa lors d’une rencontre à New York le 19 septembre 2023.

La minorité blanche représente un peu plus de 7% de la population, mais possédait 72% des terres agricoles en 2017, selon des chiffres du Gouvernement – l’héritage d’une politique d’expropriation de la population noire pendant la colonisation puis l’apartheid, que des lois votées depuis 1994 visent à réviser.

© Afriquinfos & Agence France-Presse