C’est en effet, un groupe de quatre étudiants ougandais en informatique à l’université de Mekerere (Kampala), se faisant appelé Code 8, qui vient d’inventer l’application Matibabu pour smartphone.
Les quatre jeunes ont été d’ailleurs récompensés en juillet dernier lors de l’Imagine Cup de St Pétersbourg qui mettait en compétition des étudiants.
L’idée leur est venue de la phobie des aiguilles qu’ils ont développée à force de prises de sang. Brian Gitta, 21 ans, témoigne de sa dernière expérience de malaria en décembre 2012. Alors qu’il devait rester alité, il réfléchit à une sorte de « centre médical mobile » qui pourrait offrir un diagnostic rapide et sans douleur.
Habituellement, la malaria est détectée grâce à une prise de sang et le patient doit attendre 30 minutes les résultats du laboratoire.
Une fois guérit, Gitta se met à travailler sur le projet d’application mobile, matibabu, qui signifie centre médical en swahili.
L’application a toute son utilité dans un pays gravement touchée par les cas de malaria. La malaria est en fait une maladie tropicale transmise par les moustiques.
Malaria, principale cause de mortalité en Ouganda
Ce sont quelques 34,5 millions d’ougandais soit 42% de la population qui serait porteuse du parasite d’après le site IPS. Et malgré un net recul du nombre de décès liés au paludisme en Afrique, il y a toujours entre 70 000 et 100 000 personnes qui en meurent chaque année dans le pays d’après l’ONG Malaria Consortium Uganda.
« C’est très rare de rencontrer des ougandais qui n’ont jamais eu la malaria. Si tu vas dans un hôpital tu t’apercevras qu’au moins 90% des patients l’ont », explique Gitta.
Une application préventive
Face à ces cas fréquents, l’application permettrait donc d’être plus efficace pour traiter la malaria de façon précoce, avant même que les symptômes n’apparaissent, avant qu’elle ne puisse causer des troubles mentaux ou d’autres séquelles comme l’anémie, sachant que les femmes enceintes, les jeunes enfants et les personnes atteintes du sida sont les plus vulnérables.
L’application permettrait donc pour les femmes enceintes notamment de prévenir les fausses couches et de ne pas affecter le bébé.
Matibabu présente de nombreux avantages comme le gain de temps : plus besoin de consulter automatiquement un médecin, l’examen s’effectue en 15 minutes grâce à un matiscope qui est un système une lumière infrarouge pénétrant la peau du doigt et détectant les cellules rouges. Le système fait alors la différence entre les globules infectés et les globules sains sans prélever une goutte de sang.
L’autre avantage selon IPS, est que l’application envoie les résultats directement dans les dossiers de stockage de Microsoft pour être partagés immédiatement avec le médecin du patient.
Une application révolutionnaire mais inconvéniente
L’application devrait être commercialisée d’ici deux ans et serait gratuite, mais le matiscope, lui, coûterait entre 15 et 25 euros, une somme importante pour beaucoup d’ougandais mais sûrement plus intéressante à long terme étant donné que les tests médicaux privés sont de 4 euros chacun.
Microsoft offrirait des formations aux professionnels notamment, et prévoit ensuite de le commercialiser à des entreprises asiatiques.
Autre inconvénient, les ougandais du nord en zone rurale se feraient piquer en moyenne 1 500 fois par an par des moustiques infectés et n’ont pas forcément d’accès à un smartphone ou à un internet.
Mais comme dit le jeune inventeur : « L’avenir est prometteur et tout peut arriver… », cette application est déjà une bonne avancée dans le monde médical et en permettra sûrement d’autres.
Afriquinfos