Dakar (© 2024 Afriquinfos)- Conformément à une obligation légale inscrite dans la Constitution depuis 2001, le président sénégalais a déclaré son patrimoine au Conseil constitutionnel. A la lecture des biens rendus publics par Bassirou Diomaye Faye, on se rend compte que le patrimoine de l’ancien fonctionnaire des finances, est modeste en comparaison de ceux de ses prédécesseurs, Macky Sall ou encore Abdoulaye Wade et bien loin de celui d’autres chefs d’État africains.
Par souci de transparence, les nouveaux dirigeants du Sénégal en tête le Président, Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre, Ousmane Sonko, ont décidé de déclarer leurs patrimoines mais aussi leurs salaires mensuels. Ce, faisant, ils répondent à une exigence énoncée à l’article 37, alinéa 3 de la Constitution sénégalaise, qui stipule que le nouveau président doit présenter par écrit une déclaration détaillée de ses biens au Conseil constitutionnel, qui en assure la divulgation publique. Cette procédure vise à garantir la transparence concernant les avoirs détenus par le chef de l’État au moment de son accession au pouvoir.
Se prêtant à cet exercice, le président Diomaye Faye a déclaré deux comptes bancaires deux comptes bancaires, crédités respectivement de 14,7 millions de francs CFA et de 7,4 millions de francs CFA. Un troisième compte, d’épargne, a un solde de 2 690 francs CFA. Ses biens immobiliers sont : une maison de 200 mètres carrés attribuée en 2020 par le syndicat des impôts, ayant une valeur de 140 millions de francs CFA. Les travaux qui y ont été faits sont à peu près du même montant ; un terrain de 80 mètres sur 40 dans son village d’origine, Ndiaganiao, un terrain agricole de 4,3 hectares dans un village voisin, sur lequel il a fait des investissements d’un montant de 29 millions de francs CFA et d’un terrain nu de 202 mètres carrés dans un autre village voisin. La liste de ses biens comprend un véhicule Ford « acquis d’occasion » en 2022. Diomaye Faye a aussi rendu public ses dettes : le président sénégalais a contracté deux prêts bancaires pour lesquels il lui reste à payer respectivement 6,4 millions et 24,4 millions de francs CFA ; et son salaire mensuel : 4,8 millions de Francs CFA.
Deux des prédécesseurs de Bassirou Diomaye Faye, Abdoulaye Wade (2000-2012) et Macky Sall (2012-2024), avaient également rempli une déclaration de patrimoine après leur entrée en fonction. A l’heure de la comparaison, c’est peu dire que l’actuel numéro 1 sénégalais est un « coulé » face à ces derniers. A titre d’exemple, Macky Sall lorsqu’il arrivait au pouvoir en 2012 avec un parc automobile de 35 véhicules, une villa à Houston aux États-Unis ainsi que des terrains et maisons à Dakar et dans d’autres villes du pays, dont la valeur variait entre 6 millions et 200 millions de FCFA ; Me Abdoulaye Wade avait pour sa part, déclaré en 2001 en plus de ses autres biens en France notamment « un immeuble non bâti à Ngor virage, d’une superficie de 5.435 m² de M. Cheikh Ahmadou, pour un prix principal de 1 milliard 182 millions 49 mille 660 FCFA payé comptant ».
Sur le continent, rare sont les dirigeants africains qui se plient à l’exercice de déclaration de leur patrimoine. Au Nigeria, au Cameroun, au Gabon, au Zimbabwe ou en Angola, aucune déclaration publique de patrimoine ou de revenus n’est requise des responsables politiques. En côte d’Ivoire, pas de déclaration de la part du président Alassane Ouattara qui boucle un 4ème mandat à la tête du pays. Au Bénin, Cette déclaration est une obligation constitutionnelle, mais elle est confidentielle. Les Béninois ne sauront donc pas ce que possède leur président. En 2015, lorsqu’il était encore homme d’affaires, le magazine Forbes l’avait classé parmi les Africains francophones les plus riches. En Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa tout comme son prédécesseur, Jacob Zuma, ont refusé de réveler leurs avoirs. Mais il est de notoriété publique que les dirigeants africains sont « blindés » avec des avoirs dispersés aux quatre coins du monde surtout à la fin de leurs mandats. En effet, si la loi exige que les dirigeants africains notamment les présidents déclarent leur patrimoine, à leur prise de fonction, rien ne les oblige à le faire alors qu’ils quittent le pouvoir. Une porte ouverte à tous les écarts. Les nombreux scandales de bien mal acquis qui éclaboussent les chefs d’Etat africains pendant ou après leur mandat en sont les illustrations.
Boniface T.