L’Etat ivoirien à l’épreuve de la bonne gouvernance

Afriquinfos Editeur
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Pour certains observateurs, l'idée dominante de cette rencontre inédite est la bonne gouvernance.

A maintes occasions, le président ivoirien Alassane Ouattara a exprimé sa volonté de nouvelles marques à la gestion des affaires publiques, une gestion qui, selon lui, aurait pour maîtres-mots la rigueur, la transparence, l'honnêteté et la probité.

En traçant les lignes directrices de chaque département ministériel, Alassane Ouattara met ainsi chaque ministre devant ses responsabilités.

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A coup sûr, le séminaire a été un ballon d'essai pour les membres du gouvernement qui se sont succédé au pupitre pour définir leurs priorités, leurs moyens et leurs stratégies.

Aussi ceux-ci devront-ils se conformer à la matrice d'actions tracée à l'issue des travaux.

La population ivoirienne attendra six mois pour juger et surtout évaluer l'équipe gouvernementale qui a été instruite d'atteindre dans ce délai les objectifs qu'elle s'est fixés.

UNE OBLIGATION DE RESULTATS

Le gouvernement qui a décidé d'un audit des principales entreprises publiques ivoiriennes pour demeurer dans le contexte de saine gestion est lui-même mis à l'épreuve, pour servir d'exemple.

"Il s'agit d'un gouvernement de mission. Les ministres ont une obligation de résultat. Ils seront notés sur 10, ce qui fait 30 pour le trimestre", avait déclaré début juin le Premier ministre ivoirien, mettant en garde les "mauvais élèves".

L'évaluation constitue dès lors une épreuve au cours de laquelle les acteurs gouvernementaux se verront attribuer des notes, ouvrant ainsi la voie à une compétition entre les ministres.

"Cette manière de faire est une excellente chose car la bonne gouvernance doit commencer par la tête c'est-à-dire les ministres, et nous autres qui sommes à la base allons suivre", a commenté Maurice Bini, un fonctionnaire.

Pour celui-ci, les "mauvais élèves" qu'incarneront les ministres qui ne suivront pas la ligne de conduite tracée seront tous simplement contraints à la démission.

"Le président Ouattara avait annoncé qu'il s'agissait d'un gouvernement provisoire, et qu'un remaniement ministériel allait intervenir en fin d'année, après les élections législatives. Les ministres vont donc se battre pour être parmi les meilleurs, afin de passer en classe supérieure qui équivaudrait à être reconduit, et non à être recalés qui équivaudrait à être démis du gouvernement pour insuffisance de rendement ou pour incompétence", a estimé pour sa part le président de la fondation "Ivoire développement" Claude Traoré.

Désormais, le gouvernement ivoirien est régi par une charte d'éthique et de déontologie, avec en prime la culture du mérite et de l'excellence.

A l'instar des autres membres du gouvernement, le ministre ivoirien de la Justice Jeannot Ahoussou Kouadio partage la vision du président de la République de moraliser la vie publique.

"Les membres du gouvernement doivent effectivement faire preuve de morale et d'éthique. Il va falloir lutter contre la corruption, l'enrichissement illicite et le détournement des deniers publics. Il va falloir également respecter l'Etat et la chose publique", avait énoncé mardi M. Ahoussou à l'entame du séminaire gouvernemental.

Pour celui-ci, les recommandations de M. Ouattara ne sont autre qu'une exhortation au travail pour remettre la Côte d'Ivoire sur les rails et rebâtir l'Ivoirien nouveau.

AU PIED DU MUR

Les populations ivoiriennes froissées par plusieurs années de crise, tournent le regard vers l'équipe de Guillaume Soro, partagés entre espoir et impatience.

Pour de nombreux Ivoiriens, la réussite du programme dépendra certes de plusieurs actions menées dans divers domaines, mais elle reposera en partie sur deux autres chantiers majeurs : la sécurité et la réconciliation nationale.

Le président Ouattara l'avait lui-même souligné, et avait appelé mardi à insuffler un nouvel élan au pays meurtri par une sanglante crise politico militaire, en relevant les défis de la sécurité, de la réconciliation et de la reconstruction.

Maintenant que chaque ministre est entré en possession de sa feuille de route, le gouvernement ivoirien est au pied du mur, et les Ivoiriens attendent les six mois annoncés pour voir, jauger et juger l'oeuvre réalisée.

La Côte d'Ivoire tente de se remettre sur les rails, après une décennie de tourmente qui a culminé avec la crise post électorale.

La crise qui a précédé et suivi l'arrestation de l'ex-président Laurent Gbagbo a fait au moins 3.000 morts et un million de déplacés selon les autorités ivoiriennes.